Dans le monde

Tunisie : désastre sanitaire

La pandémie fait actuellement des ravages en Tunisie, victime d’un effondrement de son système sanitaire.

Les témoignages évoquent les hôpitaux bondés, les malades dans les couloirs, parfois à même le sol. Des soignants disent manquer cruellement de respirateurs, ne plus savoir qui secourir en premier. Certains malades meurent sans qu’on s’en rende compte. Le pays en est à plus de 16 000 morts pour 12 millions d’habitants, dont 194 pour le seul samedi 10 juillet. Le taux de tests positifs dépasse 35 % dans le pays, 50 % dans certaines régions, surtout les plus délaissées comme celle de Kairouan.

Le pays, qui n’avait compté que 55 morts entre mars et août 2020, est rattrapé par l’épidémie due à la diffusion du variant Delta et surtout à l’état dramatique du système de santé, qui s’est aggravé depuis des années.

Les hôpitaux publics et les cliniques privées manquent de moyens et de médecins, ceux-ci quittant massivement le pays, à un rythme estimé entre 700 et 800 chaque année. Au total, il n’y a que 160 médecins réanimateurs dans le public, 250 dans le privé, pour 500 à l’étranger. Depuis neuf mois, des infirmiers recrutés avec des contrats à durée déterminée pour faire face à la crise sanitaire n’ont pas eu de salaire. À cela s’ajoutent les fausses promesses et la corruption : en 2016, l’Arabie saoudite a donné 85 millions de dollars pour un centre hospitalo-universitaire à Kairouan où, en 2019, le nouveau président Kais Saied a promis d’y bâtir une « cité de la santé ». Aucune pierre n’a encore été posée.

Seulement 5 % des Tunisiens, soit 600 000 personnes, ont été vaccinés. L’État n’a guère organisé de campagne, mais de toute manière les doses manquent. Face à la catastrophe, le prince héritier de Dubaï vient d’en envoyer 500 000, l’Algérie voisine en a promis 250 000 et 100 000 m3 d’oxygène. Macron s’est, lui, contenté de faire des promesses lors de son intervention du lundi 12 juillet : « Nous avons aidé et nous allons encore aider, et je pense particulièrement à la Tunisie.»

On sait donc à quoi s’en tenir : rien ou quasiment ne sera fait qui soit susceptible de permettre à la population tunisienne de faire face à la crise sanitaire.

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