Tunisie : désastre sanitaire

14 Juillet 2021

La pandémie fait actuellement des ravages en Tunisie, victime d’un effondrement de son système sanitaire.

Les témoignages évoquent les hôpitaux bondés, les malades dans les couloirs, parfois à même le sol. Des soignants disent manquer cruellement de respirateurs, ne plus savoir qui secourir en premier. Certains malades meurent sans qu’on s’en rende compte. Le pays en est à plus de 16 000 morts pour 12 millions d’habitants, dont 194 pour le seul samedi 10 juillet. Le taux de tests positifs dépasse 35 % dans le pays, 50 % dans certaines régions, surtout les plus délaissées comme celle de Kairouan.

Le pays, qui n’avait compté que 55 morts entre mars et août 2020, est rattrapé par l’épidémie due à la diffusion du variant Delta et surtout à l’état dramatique du système de santé, qui s’est aggravé depuis des années.

Les hôpitaux publics et les cliniques privées manquent de moyens et de médecins, ceux-ci quittant massivement le pays, à un rythme estimé entre 700 et 800 chaque année. Au total, il n’y a que 160 médecins réanimateurs dans le public, 250 dans le privé, pour 500 à l’étranger. Depuis neuf mois, des infirmiers recrutés avec des contrats à durée déterminée pour faire face à la crise sanitaire n’ont pas eu de salaire. À cela s’ajoutent les fausses promesses et la corruption : en 2016, l’Arabie saoudite a donné 85 millions de dollars pour un centre hospitalo-universitaire à Kairouan où, en 2019, le nouveau président Kais Saied a promis d’y bâtir une « cité de la santé ». Aucune pierre n’a encore été posée.

Seulement 5 % des Tunisiens, soit 600 000 personnes, ont été vaccinés. L’État n’a guère organisé de campagne, mais de toute manière les doses manquent. Face à la catastrophe, le prince héritier de Dubaï vient d’en envoyer 500 000, l’Algérie voisine en a promis 250 000 et 100 000 m3 d’oxygène. Macron s’est, lui, contenté de faire des promesses lors de son intervention du lundi 12 juillet : « Nous avons aidé et nous allons encore aider, et je pense particulièrement à la Tunisie.»

On sait donc à quoi s’en tenir : rien ou quasiment ne sera fait qui soit susceptible de permettre à la population tunisienne de faire face à la crise sanitaire.

Frédéric GESROL