Brésil : la catastrophe est là

03 Février 2021

Samedi 23 et dimanche 24 janvier, des cortèges de véhicules ont parcouru les rues des grandes villes brésiliennes en klaxonnant pour demander la destitution du président Bolsonaro et exiger des vaccins.

Le samedi, les manifestations étaient à l’appel des syndicats et partis de gauche, le dimanche, de la droite, en particulier de la mouvance qui depuis 2016 a milité contre Lula, Dilma Rousseff et le Parti des travailleurs, puis a fait campagne pour Bolsonaro. Tous dénoncent aujourd’hui la responsabilité du président dans l’actuel désastre sanitaire.

Le Covid a tué plus de 220 000 Brésiliens. Depuis la mi-janvier, on compte à nouveau plus de mille morts par jour. Dans certains États, l’épidémie est hors de contrôle. À Manaus, capitale de l’État d’Amazonas, 93 % des lits de soins intensifs sont occupés, il y a pénurie d’oxygène liquide et des malades meurent d’asphyxie. Les familles cherchent désespérément à acheter et acheminer les bouteilles récupérées dans les usines et sur les chantiers, un marché noir de l’oxygène se met en place.

Fin 2020, beaucoup pensaient que, vu l’ampleur de la première vague, l’Amazonas bénéficierait de l’immunité de masse. On constate qu’il n’en est rien. Maintenant, les victimes sont plus jeunes et plus gravement atteintes et on parle d’un variant brésilien du virus. Ni le gouvernement central ni le gouvernement de l’État n’ont prévu quoi que ce soit, à part les fosses creusées d’avance au bulldozer dans les cimetières. Le gouverneur de droite a même fait appel au Venezuela voisin qu’il dénonce habituellement comme communiste. Aujourd’hui, c’est l’armée qui tente de secourir Manaus.

Bolsonaro quant à lui s’en lave les mains en disant : « Nous avons déjà fait notre part. » En réalité, il a fait tout ce qu’il a pu contre la distanciation et l’usage du masque, refusant toute mesure de confinement, continuant jusqu’ici à nier la réalité et la gravité de la pandémie. Il a favorisé l’expansion du Covid en appelant ses partisans à se rassembler en foule autour de lui dans les rues, sans masque ni autres précautions.

Au-delà de la crise sanitaire, c’est une crise économique violente qui menace le monde du travail. L’État a cessé de verser l’aide d’urgence qui l’an passé a permis que dans les couches populaires on survive tant bien que mal. Ce qui s’annonce est une vague de licenciements et le retour du chômage de masse.

Vincent GELAS