RATP : fake news et calomnies03/02/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/02/2740.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP : fake news et calomnies

Les médias se relaient pour présenter les travailleurs de la RATP comme des privilégiés qui travailleraient peu et crouleraient sous les primes. Ils s’inspirent des déclarations de la Cour des comptes et de la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui veut ajouter 52 minutes de travail par jour aux conducteurs de bus.

La chaîne LCI a remporté la palme de la fausse nouvelle et suscité l’indignation des conducteurs de bus après avoir décrit la RATP comme un « paradis social ». Elle prétendait tirer d’un rapport de la Cour des comptes que les conducteurs ne passent pas plus de 4 h 30 par jour au volant, alors que ceux-ci sont aux 35 heures, conduisent en moyenne 6 h 42 par jour et que même la Cour des comptes n’a pas osé écrire un mensonge aussi grossier.

Il y a de quoi être indigné, quand on entend parler de rigidité du temps de travail pour des métiers où les horaires changent chaque jour, où on travaille de nuit, jour férié ou non, et avec jusqu’à 13 heures d’amplitude, une partie des services de bus incluant une coupure en cours de journée.

Il y a aussi de quoi devenir furieux à voir ces gens grassement payés monter en épingle des primes comme la « prime d’usure de chaussures », touchée en réalité par 48 personnes sur les plus de 45 000 salariés... pour une somme de 7,63 euros. En revanche, personne ne s’est interrogé sur les primes d’objectif des directeurs d’unité.

La RATP n’est évidemment pas un paradis social. C’est une entreprise sur laquelle lorgnent les capitaux privés avec l’ouverture à la concurrence prévue officiellement à partir de 2025 pour le secteur bus, déjà commencée dans les faits pour les lignes de tramway.

À la RATP comme ailleurs, la pression patronale se renforce. Les sanctions et les licenciements augmentent : + 90 % pour les conseils de discipline entre 2011 et 2018, + 80 % de licenciements et ruptures de contrat à l’initiative de la direction. Dernier exemple en date : Alexandre El Gamal, délégué CGT et conducteur de bus à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, est menacé de révocation par la RATP suite à son implication dans la grève et à l’intervention du directeur de son dépôt contre la tenue d’une permanence syndicale. La RATP vient de saisir le ministère du Travail, dirigé par son ex-PDG, Élisabeth Borne, pour passer outre l’opposition de l’inspection du travail.

« Face à la concurrence, on est tous dans le même bateau », dit la direction pour embarquer les travailleurs derrière ses projets de hausse du temps de travail et de réduction de postes. Mais si la RATP est un bateau, les travailleurs y rament et la direction s’y réserve le droit de choisir la destination. Ça fait toute la différence !

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