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Leur société
Loi sur le séparatisme : pitoyable mise en scène
Depuis lundi 1er février, les députés débattent du « projet de loi confortant les principes républicains » soutenu par les ministres de l’Intérieur et de la Justice.
Macron, comme tous ses prédécesseurs et une bonne partie de ses concurrents, fait commerce de la stigmatisation des immigrés en général, et des musulmans en particulier. Pour couper l’herbe raciste sous les pieds de la droite et de l’extrême droite, le gouvernement veut montrer que, dans ce domaine, il agit. Macron avait donc promis à l’automne une loi contre le « séparatisme musulman ».
Après l’effet d’annonce et le discours à poigne, il restait à écrire un texte de loi et à le faire voter. Et c’est là que les difficultés commencent. Tout d’abord, alors que la campagne politique vise les islamistes et, à mots couverts, les musulmans, le texte ne peut en parler, car on ne peut faire une loi relative à une partie de la population désignée par un critère religieux. Elle est donc formulée de façon générale, avec ce résultat inattendu que les évêques et diverses associations chrétiennes se sentent visés, entre autres par les limitations mises au droit de constituer des associations cultuelles.
De nombreux alinéas ne font que répéter des mesures déjà existantes. Il est par exemple évidemment déjà interdit d’utiliser des fonds publics pour faire de la propagande terroriste, sexiste ou raciste. Après l’assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste, le gouvernement a pourtant voulu ajouter un paragraphe spécifique, comme si, jusqu’ici, la loi autorisait la dénonciation calomnieuse, voire l’assassinat.
Les seuls paragraphes dont on peut attendre des réalisations concrètes sont ceux qui donnent plus de pouvoir aux services de police, de renseignement et de contrôle. Il est peu probable que cela arrête de futurs assassins fanatiques, mais cela pourra toujours servir contre les contestataires de toute nature.
Le gouvernement doit désormais faire voter sa pénible rédaction. Sur le terrain parlementaire, toutes les nuances s’exprimeront : de la droite bon chic bon genre, éventuellement macroniste, qui défend le droit des curés à embrumer les esprits enfantins, aux défenseurs de la loi de 1905. La droite et l’extrême droite joueront évidemment de la surenchère raciste et sécuritaire. D’autres se prononcent pour l’interdiction du port du voile dans toutes les circonstances. Le gouvernement en sera quitte en promettant ce qu’il faut à ses députés pour s’assurer une majorité et la loi passera, tout au plus un peu corrigée.
Il aura simplement ajouté sa propre touche à l’étalage d’idées réactionnaires, de préjugés xénophobes et anti-immigrés, et poussé à la division de la population.