Dans les entreprises

Fonderies du Poitou : face à la fermeture de la Fonte

Jeudi 21 janvier, la fédération CGT de la métallurgie et le Collectif fonderies CGT appelaient à un rassemblement devant les fonderies du Poitou (du groupe Liberty), à Ingrandes-sur-Vienne, dont l’usine Fonte est vouée à la fermeture en juin prochain, avec 292 suppressions de postes à la clé. Malgré des conditions météo exécrables, près de 500 manifestants se sont retrouvés devant l’usine.

face à la fermeture de la Fonte

Des délégations venues de PSA-Charleville, de Liberty-Dunkerque, des sites Renault de Flins, Cléon et du Mans ainsi que d’usines du bassin châtelleraudais (Thales, Safran, Fenwick-Linde…), ont ainsi manifesté leur solidarité avec les ouvriers des fonderies du Poitou.

L’appel au rassemblement de la CGT axait celui-ci sur la défense des fonderies françaises, dont « les constructeurs (français) se désengagent […] en choisissant de produire dans les pays à bas coûts ». Constatant que « les gouvernements successifs ont toujours cautionné ces stratégies en octroyant [aux entreprises] de l’argent public », l’appel poursuivait : « L’État doit imposer le rééquilibrage des volumes, en relocalisant la fabrication des pièces. » L’État, qui arrose le patronat de fonds publics, est donc prié d’imposer d’autres choix industriels à ses commanditaires, les capitalistes. Cet espoir est évidemment vain !

Déplorant les choix des constructeurs et l’attitude de l’État, le tract de la CGT soulignait que « la stratégie et la politique industrielles menées sont mauvaises ». De toute évidence, elles ne le sont pas pour les actionnaires qui assurent leurs dividendes malgré la crise de leur économie, amplifiée par la pandémie actuelle, avec la peau des travailleurs. Le tract national se concluait par : « Si nous laissons faire, que restera-t-il de nos bassins d’emplois et des fonderies demain ? » Il s’inscrivait dans la volonté de la CGT de promouvoir une politique industrielle, que le gouvernement, convaincu par les arguments syndicaux, se chargerait de mettre en musique en allant jusqu’à contraindre les patrons. Mais cela laisse les travailleurs sans perspectives.

En effet, cette volonté de s’en remettre à des responsables gouvernementaux, ou d’espérer l’intercession du député macroniste du cru, a été la démarche constante des dirigeants syndicaux des Fonderies du Poitou, depuis des années. Les débrayages, les assemblées générales avec les ouvriers n’ont eu pour objet que de les mettre au courant des démarches entreprises, des espoirs du moment, ou ont été l’occasion pour le député, un sénateur, ou le maire UDI de Châtellerault, d’affirmer leur solidarité et de lister les noms des ministres qu’ils allaient solliciter pour ramener les patrons à la raison. La perspective d’entrer en lutte, d’en décider collectivement avec les travailleurs, n’a jamais été à l’ordre du jour. Dans ces conditions, quelles que soient les rodomontades des responsables politiques, ce sont les patrons qui ont le dernier mot. Au final, la fonderie Fonte ferme et l’avenir de la fonderie Aluminium, dans laquelle la direction n’est pas pressée de sortir la production, est incertain.

L’avenir des travailleurs des fonderies n’est pourtant pas écrit, tant pour défendre leur emploi que pour imposer aux licencieurs de payer chèrement les années de galère vers lesquelles ils poussent des familles ouvrières. Tout comme dans leurs combats passés, les ouvriers ne pourront compter que sur leurs propres forces. Des prises de parole ont ponctué le rassemblement du 21 janvier, durant lesquelles des responsables syndicaux, des délégués, ont souligné les nécessaires luttes à mener. L’un de ceux-ci a rappelé à juste titre que les travailleurs des autres pays, dans lesquels des productions sont délocalisées, ne sont pas les ennemis de ceux d’ici.

Rassembler les forces des travailleurs en ne se laissant pas enfermer dans le cadre d’une seule entreprise est indispensable, car tous les travailleurs sont aujourd’hui violemment attaqués. Mais il faudra aussi ne pas se laisser enfermer dans l’impasse des « politiques industrielles » proposées aux patrons, ni dans celle de la défense d’un prétendu intérêt national.

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