Logique capitaliste : la Bourse ou la vie02/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2731.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Logique capitaliste : la Bourse ou la vie

Danone, IBM, Total, General Electric... de grands groupes riches à milliards multiplient les annonces de suppressions d’emplois et les fermetures d’usines en invoquant la crise du Covid

Deux mille emplois supprimés chez Danone, 1 200 à 1 400 chez IBM, 700 dans les raffineries de Total... Médiapart a recensé au 1er décembre 73 000 emplois immédiatement menacés sur le seul territoire français. Les mêmes groupes annoncent des dizaines de milliers de suppressions d’emplois à l’échelle de l’Europe et du monde. Leurs patrons ne cachent pas qu’il s’agit de choyer les actionnaires. Emmanuel Faber, le PDG de Danone, a ainsi déclaré : « Le cours a baissé de 30 % depuis un an. La rentabilité est fondamentale. C’est le socle des investissements de demain.» De son côté, le patron de Total a augmenté de 6 % les dividendes versés à ses actionnaires pour l’année 2019, soit un montant de 6,7 milliards d’euros, alors qu’il supprime des emplois.

Un tel cynisme, alors que le gouvernement a ouvert sans compter les caisses de l’État et multiplié les suppressions d’impôts et de cotisations sociales pour les entreprises, fait désordre. Bruno Le Maire s’est senti obligé de dénoncer il y a quelques semaines « l’effet d’aubaine de certains plans » tandis, qu’Élisabeth Borne fronçait les sourcils : « Lancer des procédures sociales d’une telle ampleur en pleine période de crise sanitaire pose question

Mais les capitalistes ne disent jamais merci à leurs serviteurs. Et quand ces grands groupes invoquent la crise sanitaire pour justifier cette saignée d’emplois, ce n’est pas seulement de la communication. La crise du Covid a certes été directement responsable de pertes du fait de l’arrêt de certaines productions et du ralentissement des échanges internationaux, elle a surtout accéléré la guerre acharnée que se livrent les capitalistes entre eux. Les capitaux disponibles, encore plus abondants avec les plans de relance mis en œuvre par tous les gouvernements et les taux d’intérêts au plus bas, se dirigent vers les entreprises qui apparaissent les plus prometteuses. Les secteurs vieillissants, qui ne dégagent plus assez de profits ou qui exigent de lourds investissements sont plus ou moins abandonnés. C’est vrai pour Total ou Vallourec dans le secteur pétrolier comme pour IBM dans l’informatique. Comme le dénonce un porte-parole de l’Unsa de cette entreprise : « IBM se débarrasse des anciens métiers et des plus vieux salariés pour se focaliser sur les nouveaux (cloud, intelligence artificielle) avec moins de monde, plus jeune.» Depuis la révolution industrielle, chaque crise du capitalisme a vu disparaître les entreprises les moins rentables au profit de nouvelles. Comme les précédentes, la crise actuelle bouleverse les rapports de force, Amazon ou Apple prenant la place d’Exxon-Mobil ou de General Electric au sommet des capitalisations boursières. Pour ne pas disparaître, pour attirer les capitaux, pour rester en haut du classement, les patrons doivent augmenter les dividendes et intensifier l’exploitation en réduisant les effectifs.

N’en déplaise aux ministres qui mouillent la chemise sur le devant de scène, aux politiciens de l’opposition qui prétendent vouloir moraliser le système ou encore aux dirigeants syndicaux qui proposent des plans industriels alternatifs, le capitalisme est fait de cette guerre permanente. Pour en finir avec les crises, le chômage de masse et la catastrophe sociale qu’il engendre, il n’y a pas d’autre voie que d’exproprier ces grands groupes capitalistes.

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