Dans les entreprises

La Poste : un recrutement en trompe-l’œil

La Poste se félicite de recruter 9 000 saisonniers pour aider à la distribution des colis de Noël. C’est pourtant loin d’être un cadeau !

En fait, La Poste recrute des travailleurs en CDD et en intérim uniquement pour le pic de fin d’année qui devrait culminer à 4 millions de colis certains jours de décembre, contre 3,1 millions par jour en décembre 2019. L’œil rivé sur son chiffre d’affaires, la direction ne se soucie que des contrats qui la lient à ses clients, le premier d’entre eux étant Amazon, qui sous-traite à La Poste une partie de l’acheminement de ses colis.

Pour effectuer ce surcroît de travail, le compte n’y est pas. Parmi les emplois saisonniers annoncés, deux mille sont destinés aux guichets, ce qui représente 0,38 personne par bureau, selon le calcul du syndicat SUD. Pour distribuer le courrier, la situation n’est pas plus favorable. Par exemple au bureau de Paris 11-Paris 20 dans lequel sont regroupés les 300 facteurs qui desservent en courrier ces deux gros arrondissements parisiens, quelques renforts sont arrivés, en intérim ou en CDD, et ils sont bien sûr les bienvenus

Mais La Poste les utilise pour combler les trous existant toute l’année, et pas seulement pour résorber le trafic supplémentaire d’avant Noël. Les tournées sont devenues tellement longues et difficiles, au fil des multiples réorganisations et des suppressions d’emplois de ces dernières années, qu’il est quasiment impossible de les faire seul quand on n’a pas l’habitude d’un quartier, et à plus forte raison quand on est débutant.

La Poste se garde bien d’annoncer ce que deviendront ces nouveaux salariés, une fois passée la période des fêtes. Ceux qui avaient été recrutés lors du premier confinement pour distribuer les journaux ont été mis à la porte quelques semaines plus tard. Certains d’entre eux viennent d’ailleurs d’être rappelés, à nouveau pour une courte période. La Poste compte bien continuer à réduire des effectifs, comme l’atteste l’annonce par la direction locale d’un nouveau plan de suppressions d’emplois sur le 11e arrondissement pour mai 2021.

La logique voudrait au contraire que La Poste recrute des travailleurs en emplois permanents, à commencer par ceux qu’elle jette régulièrement dehors après les avoir pressurés pendant quelques semaines ou quelques mois. Cette logique-là mettrait un coup d’arrêt à la dégradation des conditions de travail, mais seuls les travailleurs, tous statuts confondus, peuvent l’imposer.

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