Dans les entreprises

Renault-Flins : chaque atelier est un cluster

La propagation du coronavirus s’accélère dans les Yvelines, et l’afflux de malades à l’hôpital de Mantes-la-Jolie a rapidement saturé les dix lits de réanimation. Et à l’usine Renault de Flins le virus est comme chez lui.

Les mesures de protection, affichées, filmées en vidéo, répétées ad nauseam pour que la production puisse être relancée en avril dernier, ne sont plus du tout la priorité de la direction. Chacun peut même observer l’inverse et on a entendu des chefs parler de psychose.

La distanciation physique n’a jamais été respectée, les opérations faites à plusieurs, en même temps ou successivement, dans chaque voiture ne le permettent pas de toute façon. Les distributeurs de gel hydroalcoolique ne sont plus alimentés systématiquement. La désinfection des postes de travail, avant et après un remplacement, fait partie des vœux pieux, puisque les lingettes ont un coût. Les bus affrétés par l’entreprise pour transporter les travailleurs ont un temps été doublés, lors de la première vague, mais ce n’est plus le cas malgré les promesses de la direction.

Dans un secteur, quelqu’un était désigné pour aller remplacer au pied levé un collègue suspecté de Covid. Inquiet de mettre en danger des personnes fragiles de son entourage, il a commencé par refuser, avant de se voir menacé d’abandon de poste !

Le souci de Renault de ne rien dépenser pour assurer la sécurité sanitaire des travailleurs est au point que la direction a annoncé son intention de ne plus distribuer de bouteilles d’eau individuelles et de revenir aux fontaines collectives.

Quant à l’information concernant les cas avérés de Covid, elle est à présent systématiquement dissimulée aux premiers concernés, les camarades de travail du salarié positif. Dans l’usine, de tels cas positifs ont fini par être révélés, parfois uniquement après un coup de colère des travailleurs du secteur. Mais, pour que les chaînes continuent de tourner et que les postes soient tenus, malgré le sous-effectif permanent, les responsables ne communiquent pas sur ce sujet, pourtant grave s’il en est. Des travailleurs disent à présent que le protocole commanderait de rester chez soi, dans ces cas-là.

L’urgence, pour le patron, est de continuer à produire suffisamment de voitures Zoe électriques, dites propres, pour pouvoir, en tant que constructeur, commercialiser également de gros véhicules SUV et « compacts » essence ou diesel, et être malgré cela capable de revendre ses droits à polluer en excédent.

L’urgence, pour les travailleurs, c’est d’abord de ne pas perdre sa vie à la gagner !

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