Hôpital Pitié-Salpêtrière : des discours à la réalité18/03/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/03/P15_Manif_17_dec_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital Pitié-Salpêtrière : des discours à la réalité

La situation à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière où sont accueillis les malades atteints du coronavirus dément chaque jour la formule de Macron : « La santé n’a pas de prix ».

Illustration - des discours à la réalité

Le matériel de base est fourni au strict minimum, à commencer par le gel hydroalcoolique pour se désinfecter les mains. Les kits comprenant le matériel indispensable pour intervenir auprès des patients atteints du Covid-19 arrive au compte-gouttes. Les masques sont rationnés, y compris dans les réanimations. Il s’agit pourtant du matériel de base pour travailler dans des conditions sécurisées.

En médecine interne, en neurologie, en réani- mation-cardiaque, au réveil des bâtiments Babinski et Gaston-Cordier, des interventions non-urgentes et des hospitalisations programmées ont été annulées pour recevoir les patients atteints du Covid-19. Le personnel de ces services doit accueillir les malades contaminés, après avoir reçu une formation au lance-pierre. La plupart des soignants doivent se former sur le tas. Quant aux patients devant « laisser leur place », ils sont réorientés vers un autre service dans l’hôpital même ou à l’hôpital Saint-Antoine, censé les prendre en charge.

Les consultations et les hôpitaux de jour non urgents sont fermés petit à petit et le personnel est réaffecté en hospitalisation. Les opérations non urgentes sont reportées, ce qui permet de libérer des infirmières et des aides-soignantes des blocs opératoires pour les réanimations et les salles d’hospitalisation. De même, les étudiantes en spécialisation infirmières de bloc et anesthésie (IBODE et IADE) retournent travailler comme infirmières et les étudiantes infirmières sont sollicitées pour seconder les aides-soignantes. De jeunes retraités sont rappelés, y compris des manipulateurs en radiologie.

Macron a qualifié le personnel hospitalier de « héros » mais ne s’est pas engagé sur l’embauche à hauteur des besoins. La sortie d’écoles d’infirmières prévue à la fin du mois de mars permettrait tout de suite d’en embaucher. Mais à la Pitié-Salpêtrière, la direction n’a toujours pas fourni de chiffre sur l’embauche.

Le personnel se heurte à une autre difficulté : la garde des enfants. La direction a donné la consigne pour les crèches de l’hôpital d’accueillir les enfants en groupes plus restreints que d’habitude, mais sans donner les moyens supplémentaires dans l’immédiat.

Dimanche 15 mars dans l’émission Questions politiques de France-Inter, le directeur de l’AP-HP Martin Hirsch a refusé de s’engager sur les effectifs et les rémunérations. Et il y a été de son couplet dans une lettre adressée à tous lundi matin 16 mars, dans « un message plus amical que professionnel », disant : « Chaque jour, il faudra s’adapter. Chaque jour il faudra s’encourager. Chaque jour il faudra être solidaire. Chaque jour, il faudra lutter contre l’adversité. » Hirsch a surtout énervé tout le monde car ce n’est pas de ses vœux que le personnel a besoin, mais de choses très concrètes : du matériel et du personnel.

Tout laisse donc à penser, comme l’a exprimé dans une interview télévisée un médecin de l’hôpital, membre du comité inter-hôpitaux, que le gouvernement ne débloquera pas les moyens financiers à hauteur des besoins et n’embauchera pas non plus les milliers d’hospitaliers qui manquent.

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