Première image d’un trou noir : la science est sans frontières17/04/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/04/2646.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Première image d’un trou noir : la science est sans frontières

Une équipe d’astronomes a dévoilé mercredi 10 avril la première image jamais obtenue d’un trou noir, situé au centre d’une autre galaxie, à une distance de 50 millions d’années-lumière.

L’image montre un halo brillant autour du trou noir qui, lui, n’est pas visible, puisque c’est un objet tellement massif et dense que la lumière ne peut pas s’en échapper. Mais en attirant toute la matière autour de lui, le trou noir l’échauffe et la rend visible. On voit donc un anneau avec une forme bien particulière liée aux conditions extrêmes qui règnent autour du trou noir, qui courbent les rayons lumineux.

Ce qui semblait de la science-fiction devient réalité. Les trous noirs avaient été prévus comme une conséquence de la théorie de la relativité d’Einstein, il y a un siècle, mais pendant longtemps on les a considérés comme une hypothétique curiosité. Puis, on en a eu des preuves indirectes. Les astronomes ont observé des émissions de rayons X particulièrement intenses au centre des galaxies, dont la nôtre, et on a compris qu’elles révélaient probablement la présence de trous noirs géants. En 2016, on avait capté les ondes gravitationnelles émises par la collision de deux trous noirs lointains. Mais c’est la première fois qu’on en a une image directe.

Cette première est très importante pour les scientifiques, car les trous noirs restent des objets très mystérieux et donnent accès à des conditions impossibles à reproduire dans des laboratoires.

C’est grâce à la collaboration pendant des années d’une soixantaine d’équipes de vingt pays, au travail en commun de 200 chercheurs et des équipes indispensables qui les entourent, que ce projet a pu aboutir. Il a fallu imaginer un dispositif aussi précis qu’une lunette permettant de lire un journal à New York depuis Paris. On l’a réalisé en synchronisant avec une précision extrême un réseau de huit observatoires répartis sur quatre continents, en Arizona, au Chili, en Espagne, au Mexique, à Hawaï et jusqu’au Pôle Sud, formant ainsi une sorte de télescope géant à l’échelle de la Terre. Il a fallu stocker les données dans des piles de disques durs spéciaux pour les transporter en avion, la quantité d’informations nécessaire à la fabrication de l’image étant bien trop volumineuse pour passer par les tuyaux d’Internet.

Les réseaux sociaux ont donné à la découverte le visage de Katie Bouman, jeune scientifique enthousiaste, auteure d’un des programmes informatiques ayant permis de construire l’image. On ne peut que partager sa joie devant un succès qui illustre la marche en avant de l’humanité, et donne un aperçu du monde sans frontières qui devrait être le nôtre aujourd’hui. Le capitalisme, avec l’argent et l’individualisme pour seul idéal, ses injustices et ses barbelés, n’en apparaît que plus choquant.

Partager