Matraquages et condamnations : leur ordre républicain27/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/2643.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Matraquages et condamnations : leur ordre républicain

« L’ordre républicain a été respecté », a déclaré le ministre de l’Intérieur Castaner, le soir des manifestations des gilets jaunes du 23 mars, comme si quelques dizaines de milliers de manifestants pouvaient le mettre à bas.

Mais la journée de manifestations a surtout été éclairante sur cette république qui fait bomber le torse d’un ministre de l’Intérieur : quelques heures avant que Castaner expose sa satisfaction devant micros et caméras, une manifestante de 73 ans, militante de l’association Attac, avait été grièvement blessée lors d’une charge de police. Pour le procureur de la République de Nice et selon les images qu’il a décortiquées, « la police n’est pas en cause ». Ainsi, il n’y aurait pas de lien entre la fracture du crâne et la charge de police. Circulez, il n’y a rien à voir !

En fait, depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le gouvernement et la justice font preuve d’une grande compréhension pour les violences policières. Au 14 mars 2019, 174 enquêtes de la police des polices, l’IGPN, ont été ouvertes contre des policiers, mais aucune n’a abouti à une mise en examen, malgré les dizaines de mutilés et les centaines de blessés parmi les gilets jaunes. « Les enquêtes judiciaires prennent un peu de temps », a déclaré Castaner à ce propos.

En revanche, contre les gilets jaunes, la justice se montre expéditive et impitoyable. Un couple d’Indre-et-Loire a échappé de peu à la condamnation après deux jours de garde à vue, parce qu’il avait posté sur son compte Facebook la photo d’un tabouret du Fouquet’s donné par un vigile du restaurant. Pour l’heure, depuis le début du mouvement des gilets jaunes, 8 700 personnes ont été placées en garde à vue, 2 000 ont été condamnées, dont 40 % à des peines de prison, et 1 800 autres doivent passer en jugement, a reconnu la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

Le visage de la république de Castaner, c’est un gilet jaune éborgné ou condamné à la prison, une manifestante âgée emportée par une charge de police. Mais c’est aussi Macron s’autorisant à conseiller la sagesse à une dame venue protester contre sa politique et qui se retrouve le crâne fracturé sur un lit d’hôpital. La république de Macron-Castaner n’est vraiment pas belle à voir.

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