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Mali : cycle meurtrier d’affrontements ethniques
Samedi 23 mars, l’attaque du village peul d’Ogossagou dans le centre du Mali a fait 160 morts, dont de nombreuses femmes et enfants, et des centaines de blessés. Même si elle n’a pas été revendiquée, cette tuerie est selon toute vraisemblance l’œuvre d’une milice d’autodéfense dogon nommée Dan Nan Ambassagou.
De semblables violences ont déjà causé des centaines de morts. Les conflits entre agriculteurs dogons ou bambaras et éleveurs peuls pour l’accès à la terre ne sont pas une nouveauté dans la région, comme dans toute cette partie de l’Afrique. Mais ils ont été exacerbés au Mali par la guerre. Les groupes djihadistes qui avaient envahi le Nord n’ont pas disparu, mais ont essaimé dans tout le pays. L’un d’entre eux est apparu dans le centre du pays et a recruté dans les populations musulmanes d’origine peule. Tous les habitants des villages peuls ont alors été soupçonnés de soutenir les djihadistes, accusés d’être responsables de leurs exactions.
Des milices dites d’autodéfense se sont constituées des deux côtés. Les Dogons ont formé Dan Nan Ambassagou, avec l’objectif de protéger leur communauté. Les Peuls ont constitué l’Alliance pour le salut du Sahel pour, disaient-ils, défendre les civils peuls du centre du Mali et du Burkina Faso contre les milices de l’autre camp. Les attaques de villages se sont succédé, avec les assassinats visant des personnes influentes de chaque communauté, les interdictions d’accès à certains points d’eau, foires ou villages.
Dans ces régions, l’État est totalement inexistant, et la population doit se débrouiller elle-même pour gérer ses problèmes. L’armée malienne, dont un camp est situé à 20 km du lieu du massacre, a mis quatre heures à arriver sur les lieux.
Devant l’ampleur sans précédent de la tuerie, le président Ibrahim Boubacar Keita a limogé trois chefs de l’armée et dissous officiellement, c’est-à-dire pour la forme, la milice dogon. Mais tout cela ne change absolument rien. Les habitants de la région, qu’ils soient peuls, dogons, bambaras ou autres, sont pris dans l’engrenage d’un affrontement ethnique meurtrier, qui ne profite qu’à leurs ennemis, le gouvernement malien et derrière lui l’impérialisme français.
Ce dernier prétendait avoir rétabli la sécurité au Mali par son intervention militaire, mais la tuerie qui vient d’avoir lieu montre bien qu’il n’en est rien. Maintenir à Bamako, la capitale, un gouvernement ami de l’impérialisme français était le seul but réel de l’intervention. Cela n’amène aucun progrès pour la population et ses conditions de vie.