Bobigny : l’appel au secours des juges des enfants07/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2623.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bobigny : l’appel au secours des juges des enfants

Les quinze juges des enfants du tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, ont dénoncé dans une tribune publiée dans le journal Le Monde et sur France Inter, leur manque criant de moyens.

La tâche de ces juges pour enfants est immense, dans ce tribunal qui est le second plus important du pays, dans le département le plus pauvre, où les effets de la crise se font lourdement sentir. Ils doivent assurer la protection des enfants contre les violences de toutes sortes, physiques, sexuelles, psychologiques, contre des parents qui négligent leur santé et leur éducation, voire même les abandonnent complètement. Ils s’occupent aussi des mineurs étrangers arrivés seuls de pays en guerre comme la Syrie ou l’Irak, et doivent juger les mineurs délinquants.

Trop peu nombreux pour toutes ces tâches, les juges, qui chiffrent à neuf le nombre de postes de juges manquants, parlent dans leur tribune de près de 900 familles dont les dossiers sont en attente. Mais ensuite, une fois une décision prise, son délai d’application peut aller jusqu’à 18 mois pour qu’un éducateur chargé de suivre l’enfant soit nommé, alors que ce délai était encore de moins d’un an fin 2017. De plus, du fait des restrictions budgétaires que l’État impose aux départements et autres collectivités, les éducateurs sont trop peu nombreux. Le président du conseil départemental du département, Stéphane Troussel, dénonce le fait que, sur les 38 millions qui y sont consacrés à la protection des mineurs isolés, l’État ne participe qu’à hauteur de 10 %. Quant au budget pour les enfants venant de Syrie, l’État ne verse que 250 000 euros sur un budget de 2,8 millions.

Face à cette situation dramatique, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a rejeté les problèmes sur le seul département de Seine-Saint-Denis. Elle a reconnu hypocritement la responsabilité de l’État, avant de se défausser immédiatement en ajoutant que « la mise en œuvre des décisions… appartient au département ». « C’est au président du tribunal de savoir où il affecte les juges », a-t-elle ajouté, une façon de dire, comme Macron, que le problème n’est pas dans les moyens mais dans leur utilisation. Lui emboîtant le pas, des élus de droite ont estimé que le problème était aussi cette prise en charge des enfants jugée sans doute trop généreuse…

D’ores et déjà les juges de Bobigny leur ont répondu, l’un d’eux faisant remarquer qu’il suffit de traverser le périphérique pour constater qu’à Paris la prise en charge des enfants se fait sans délai , les juges et les éducateurs étant en nombre suffisant. Une nouvelle version du « traverser la rue » ?

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