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Leur société
Un mur contre les habitants
Si les travaux de réhabilitation des maisons anciennes et dégradées se font attendre au point d’avoir entraîné des drames, il est à Marseille des travaux qui ne souffrent pas de délai.
Tel est le cas de la transformation de la place Jean-Jaurès, La Plaine. Située en plein centre-ville, à proximité d’ailleurs du quartier Noailles, elle était très appréciée car on pouvait y amener jouer les enfants à l’ombre des tilleuls et il s’y tenait un marché trois jours par semaine.
Mais la mairie laissait la place à l’abandon. L’entretien était minimum, avec juste un nettoyage rapide après les marchés, les lumières publiques défectueuses, le parc pour enfants pas éclairé depuis des années.
La société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise (Soleam), qui est maître d’ouvrage pour la ville, a proposé un projet très contesté par de nombreux riverains. Déjà en 2015 cette opposition s’était manifestée. Après une concertation très discrète, c’est en juillet 2018 que finalement le projet était révélé, deux ans après que son budget a été voté. Il devrait coûter treize millions d’euros selon le maire de secteur, président de la Soleam. La ville veut voir le quartier « monter en gamme », l’adapter à un public moins pauvre.
Certes, les usagers voudraient bien que la place soit réhabilitée, mais aussi qu’elle demeure une place pour les usagers de ce quartier populaire, qu’elle soit nettoyée, qu’il y ait des toilettes publiques, un ravalement du sol, des plantations, rien de très coûteux en fait.
Mais les habitants ne veulent pas de ce chantier destiné à durer deux ans ou deux ans et demi, pour arriver à une place bétonnée, coupée en deux par la rue, un lieu, selon l’expression d’un architecte opposant au projet, de présentation monumentale.
Malgré tout, les travaux ont débuté tambour battant le 11 octobre, par l’abattage de 46 gros tilleuls et l’éviction des forains du marché, redistribués sur d’autres marchés de la ville. Les palissades destinées à entourer le chantier n’ayant pas résisté aux premières protestations, la place a été encerclée lundi 29 octobre par un mur formé de plaques de béton de trois tonnes chacune, de 2,50 m de haut, pour un coût de 390 000 euros.
Des policiers sont mobilisés chaque jour. La BAC est intervenue, des policiers du RAID ont délogé les occupants de la place au début des travaux.
Ainsi, faire taire les opposants, ne pas tenir compte de leurs souhaits, leur imposer les choix monumentaux de la mairie est pour celle-ci une affaire d’importance, pour laquelle elle sait trouver des millions et agir avec la plus grande fermeté.
Contrairement à ce qui se passe pour la rénovation de l’habitat vétuste et insalubre.