Michelin : les promesses se dégonflent…21/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2586.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin : les promesses se dégonflent…

Quand Michelin a mis plus de 700 salariés à la porte de son usine de Joué-lès-Tours en 2013, le PDG du groupe avait promis, en guise de contrepartie, des investissements dans l’usine de La Roche-sur-Yon – le dernier site en France à produire des pneus pour poids lourds. Il était alors question d’une injection de 100 millions d’euros sur trois ans, et de la création d’une centaine d’emplois.

Il n’était pas question pour Michelin de faire ce cadeau gratuitement. En 2016, la direction du site de La Roche a conditionné ces créations d’emplois et ces investissements (entre-temps revus à la baisse, à 56 millions d’euros) à la signature d’un accord de compétitivité. Celui-ci exigeait de nouveaux sacrifices de la part des travailleurs, en particulier le passage aux horaires en 4 fois 8, avec jusqu’à 16 dimanches travaillés par an. S’abritant derrière le résultat d’un référendum auquel les travailleurs avaient participé le couteau sous la gorge, la plupart des syndicats de l’usine avait signé ce prétendu pacte d’avenir.

Or Michelin a annoncé le vendredi 9 février la suspension pour au moins deux ans des belles promesses des années passées. L’usine de La Roche ne serait pas assez rentable pour que cela vaille la peine d’y investir... Les nouvelles machines qui devaient être implantées dans l’usine de Vendée iraient en fait en Espagne et en Roumanie. Et des suppressions de postes sont désormais annoncées, chez les techniciens, la maîtrise et les cadres.

Michelin, comme tous les grands patrons, est toujours prêt à promettre monts et merveilles pour toucher l’argent public – et ce ne sont pas les aides des régions ou de l’État qui ont manqué ces derniers temps. Mais sa parole ne vaut rien et ses mensonges sont étalés au grand jour. Et évidemment, les actionnaires de Michelin ne vont pas rendre l’argent volé à la collectivité !

Pendant ce temps-là, le PDG du groupe, Sénard, s’apprête à transmettre les clés à son successeur, et il lui indique déjà la ligne à suivre : « Il faut responsabiliser les usines sur le service au client en leur faisant partager en temps réel la réalité de la volatilité des marchés. » En clair, cela signifiera exiger des ouvriers une flexibilité toujours plus grande pour leur faire partager cette « volatilité ».

Accepter des sacrifices au nom de la sauvegarde des emplois est à chaque fois un jeu de dupes. À La Roche-sur-Yon comme dans les dix autres usines Michelin du pays, les salariés devront s’en souvenir.

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