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Dans les entreprises
Continental : l’appétit sans bornes d’un géant capitaliste
L’action du groupe Continental AG ne cesse de grimper depuis des mois. Son prix a été multiplié par plus de dix en quelques années. Le groupe Continental AG est devenu l’une des entreprises les plus profitables d’Allemagne et d’Europe, ce qui ne l’empêche pas d’annoncer une restructuration financière du groupe.
L’histoire du groupe, ces dix dernières années, est bien représentative du comportement des capitalistes aujourd’hui. En juillet 2008, la famille Schaeffler, propriétaire du groupe du même nom, se lance dans le rachat de Continental, plus de dix fois plus gros que son propre groupe. C’est un rachat dit hostile, par l’intermédiaire d’un mécanisme financier, le LBO, qui permet à l’acheteur de ne pas mettre un centime dans son achat. Celui-ci est pris en charge par les banques, et l’heureux nouveau propriétaire rembourse son emprunt… en se payant sur la trésorerie de l’entreprise dont il a pris le contrôle. La crise financière de septembre 2008 ayant fait s’effondrer le cours de l’action, Continental a fait procéder à une série de fermetures d’usines en France, en Allemagne et en Tunisie, et à des attaques sur les salaires et les conditions de travail, pour montrer aux actionnaires et aux banques que cette guerre aux salariés allait être prometteuse de profits.
Les seuls obstacles ont été les réactions et la lutte des travailleurs à l’usine de Clairoix, ainsi que leur résistance dans une série d’usines en France et en Allemagne. Mais la famille Schaeffler a pu sans problème rembourser ses emprunts avec l’argent gagné sur le dos des salariés. L’entreprise, dont le prix d’achat était de 11 milliards en 2008, est valorisée aujourd’hui à 47 milliards, et pourrait être revendue beaucoup plus. La famille Schaeffler est devenue une des premières fortunes d’Allemagne.
Dire que les milliards coulent à flots chez Continental est un euphémisme. Chaque année, les dividendes versés aux actionnaires augmentent de 15 à plus de 50 %. Le taux de rentabilité de la branche pneumatique est la plus élevée de toute cette industrie dans le monde, flirtant avec les 20 %. Comme l’a dit la presse allemande : « Cela égale la rentabilité de l’industrie du luxe. »
Le PDG a annoncé dernièrement qu’il avait encore 6 milliards d’euros d’argent frais sous le coude pour faire main basse sur une ou plusieurs sociétés, comme le groupe l’a déjà fait ces dernières années.
Le PDG vient aussi d’annoncer qu’il envisageait une restructuration générale du groupe, pour pouvoir augmenter les dividendes des actionnaires en créant des actions spécifiques pour la division pneumatique, qui est la plus profitable. Le PDG a confié à une des plus grandes banques d’affaire du monde, JP Morgan, le soin de procéder à cette restructuration financière.
Les actionnaires vont pouvoir se frotter les mains. Mais pour les salariés, l’heure est aux restrictions, aux emplois précaires, à la mise en danger des salariés par manque de sécurité. C’est le cas dans les usines de France comme dans celles d’Allemagne ou d’ailleurs. Ces salariés ont tout intérêt à se faire entendre. Car, au bout du compte, ce sont ces dizaines de milliers de travailleurs qui produisent tout et ont le pouvoir de mettre à la raison leurs patrons.