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Dans les entreprises
SoLocal : actionnaires et créanciers vautours
Face à l’annonce de plus de 1 000 suppressions d’emplois sur 4 500 et la fermeture de 15 agences régionales sur 19, l’intersyndicale de SoLocal, a appellé à la grève le 23 février.
Ce groupe, héritier des Pages jaunes de l’annuaire téléphonique auxquelles il a greffé d’autres applications sur Internet comme Mappy, est sous la coupe d’actionnaires et de créanciers particulièrement voraces.
SoLocal se présente comme un champion de l’économie numérique, mais sa marque de fabrique est d’être au cœur de la spéculation financière.
L’affaire remonte à 2004. France Télécom, dont la privatisation avait commencé sept ans plus tôt, continuait à être détentrice de l’annuaire téléphonique, avec ses pages jaunes, comme du temps où elle était un établissement public. Endettée à la suite de la spéculation sur la bulle Internet, France Télécom mit en Bourse sa filiale Pages jaunes et, deux ans plus tard, elle vendait 54 % des actions qu’elle détenait encore à la banque d’affaires Goldman Sachs et au fonds d’investissement KKR pour une somme faramineuse… dont les repreneurs ne payèrent presque rien. Ils se contentèrent d’apporter 300 millions d’euros alors que le reste, soit 3,2 milliards, était à la charge de la société éditrice des Pages jaunes, obligée de s’endetter lourdement pour payer son propre rachat. Ce fut à l’époque la plus grosse opération spéculative réalisée en France en utilisant la technique à effet de levier, dite LBO.
Depuis 2004, actionnaires et créanciers ont reçu cinq milliards d’euros sous forme de dividendes, de frais financiers et de remboursements de dettes. La dette de l’entreprise est devenue elle-même objet de spéculation entre banques et fonds d’investissement. En décembre 2013, les Pages jaunes, devenues SoLocal, étaient au bord de la cessation de paiement, ce qui permit à deux fonds d’investissement, qui étaient ses créanciers, d’entrer à son capital à des conditions très favorables pour eux. Il s’en est suivi plusieurs années de conflits avec une partie des actionnaires.
Un accord vient d’être conclu pour distribuer le tiers des actions de la société à ses créanciers en échange d’une réduction de la dette qui fait remonter les bénéfices et le cours de l’action en Bourse… et en faisant payer le tout aux travailleurs !
Le 13 février, SoLocal a annoncé un bénéfice de 336 millions d’euros pour 2017 en progression de 500 %, une façon de fêter les licenciements annoncés la veille. De quoi donner la rage aux travailleurs, qui ne veulent pas se laisser plumer.