Leur société

Loi Collomb : à bas la criminalisation des migrants !

Le ministre de l’Intérieur, l’ex-socialiste Gérard Collomb, a présenté mercredi 21 février son projet de loi sur le droit d’asile. À un ensemble de mesures contre les travailleurs immigrés qu’on aurait pu trouver il y a peu dans un programme du Front national, viennent s’ajouter quelques propositions d’apparence humanitaire faites par un autre député de la majorité, qui ne sont là que pour faire passer la pilule.

Le projet de loi introduit un nouveau délit, celui de franchissement de frontière non autorisé, passible d’un an d’emprisonnement, ainsi que d’une IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) pour ceux qui ont déjà été expulsés. Alors, pour échapper aux patrouilles, comme on l’a vu à la frontière franco-italienne, des migrants continueront de traverser des cols de montagne enneigés en chaussures de ville ou en baskets. Ils prendront simplement encore plus de risques et il y aura encore un peu plus de morts.

Le gouvernement veut réduire le délai pour déposer une demande d’asile et celui pour déposer un recours. Il veut, par contre, augmenter la durée maximale d’internement en centre de rétention de 45 à 135 jours et inscrire dans la loi le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence. Cela n’empêchera pas, le gouvernement le sait très bien, ces femmes et ces hommes de fuir la guerre ou la misère, qui sont l’une comme l’autre le résultat des interventions diplomatiques et militaires des grandes puissances dont la France. Mais cela va transformer encore un peu plus ces migrants et de nombreux travailleurs immigrés en hors-la-loi.

Deux jours avant le dépôt officiel du projet de loi Collomb, le député du Val-d’Oise, Aurélien Taché, avait rendu son rapport contenant 72 propositions pour favoriser l’intégration. Les choses avaient été suffisamment bien préparées pour que la publicité autour de ces propositions « humanistes » tombe au bon moment. Le Premier ministre, Édouard Philippe, a même immédiatement annoncé qu’il reprendrait celle de réduire de neuf à six mois la période d’interdiction de travailler pour les migrants qui viennent d’arriver. Sauf qu’au même moment, la loi Collomb propose de menacer de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende ceux qui usurperont l’identité d’un tiers pour travailler. Or c’est ce que sont obligés de faire beaucoup de sans-papiers qui ne veulent pas travailler au noir.

La centaine de travailleurs sans-papiers d’Île-de-France du bâtiment, de la restauration ou du ramassage des déchets qui sont en grève pour leur régularisation depuis le 12 février témoignent justement de cette situation qui donne à leur employeur le pouvoir d’imposer des salaires et des horaires qui transgressent toutes les normes légales.

En déclarant « Nous ne pourrons pas donner un avenir à tout le monde » et en parlant du nécessaire « tri » entre les migrants, Gérard Collomb cherche à faire croire que c’est la réalité économique qui impose ses mesures. C’est un mensonge. Il y aurait largement de quoi accueillir dignement les 100 000 demandeurs d’asile, les 85 000 refoulés aux frontières, et tous les pauvres qui vivent ou survivent ici. Il suffirait pour cela que l’État y consacre les moyens nécessaires, quitte à consacrer un peu moins d’argent à aider les capitalistes. Mais le gouvernement veut au contraire détourner l’attention en se plaçant sur le même terrain que tous les politiciens qui font commerce de la dénonciation des migrants. Par sa loi, il va rendre leur vie encore plus infernale et continuer à en faire des boucs émissaires pour plaire à l’électorat le plus réactionnaire.

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