Grèce : le racket de Novartis21/02/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2586.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : le racket de Novartis

Le groupe pharmaceutique suisse Novartis est accusé d’avoir distribué des pots-de-vin à des médecins, des fonctionnaires et des politiciens grecs pour commercialiser ses produits.

La création d’une commission d’enquête préliminaire devait être soumise au vote de l’Assemblée le 21 février pour décider d’un éventuel renvoi devant les tribunaux de huit ex-ministres et de deux ex-Premiers ministres du parti de droite (La Nouvelle démocratie) ou du Pasok (parti socialiste).

Tous les mis en cause protestent de leur innocence et parlent de conspiration, de complot politique. Mais des témoignages sont là. Les responsables de Novartis en Grèce auraient distribué 50 millions d’euros de pots-de-vin à des responsables politiques dont 40 millions pour des commandes de vaccins en 2008. Les prix des médicaments étaient surévalués, les commandes gonflées, et les médicaments n’arrivaient pas dans les hôpitaux auxquels ils étaient destinés. Les pratiques de Novartis auraient coûté trois milliards d’euros à l’État grec.

La firme suisse affirme qu’elle coopère avec le gouvernement grec et qu’elle prendra les mesures qui s’imposent. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle est traînée en justice : depuis 2015 elle a dû verser plus de 460 millions de dollars d’amendes aux États-Unis, en Turquie, en Corée du Sud pour corruption de fonctionnaires et de professionnels de santé.

Elle n’est pas seule de son espèce. Le Premier ministre grec, Tsipras, estime qu’au-delà du scandale Novartis, la fraude liée à la surfacturation des médicaments aurait fait perdre à l’État 23 milliards d’euros entre 2000 et 2010, l’équivalent d’un « mémorandum », un de ces plans d’austérité imposés à la Grèce par les créanciers européens.

Ces milliards perdus, c’est la population grecque qui en a subi les conséquences, comme elle paye la dette depuis 2010. Le système de santé se délabre, dans les hôpitaux on manque de personnel, de matériel, de médicaments. De très nombreux Grecs au revenu modeste ne peuvent se soigner, en raison du prix des médicaments et faute de couverture sociale. En 2015, Médecins du monde estimait que trois millions de travailleurs, presque le tiers de la population, étaient exclus du système de soins.

Entre les créanciers européens et leurs trusts, d’un côté, et les affairistes et politiciens locaux, de l’autre, la population grecque n’aura pas manqué de sangsues.

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