Éleveurs laitiers : l’argent du beurre leur échappe14/06/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/06/2550.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éleveurs laitiers : l’argent du beurre leur échappe

Les éleveurs laitiers sont à nouveau mobilisés. Dans les Côtes d’Armor, dans la Manche, en Haute-Saône, des manifestations et des blocages de coopératives et de sites appartenant aux industriels du lait ont lieu depuis début juin. Le groupe Sodiaal est particulièrement visé, comme étant le plus mauvais payeur au litre.

La situation n’est pas nouvelle pour les éleveurs laitiers. Depuis la fin des quotas européens, ils souffrent, selon leurs organisations syndicales, d’un manque à gagner de deux milliards d’euros. La surproduction de lait et de beurre, dans un premier temps, a fait baisser le prix d’achat de la tonne de lait de 15 %. Par la suite, des mesures de stockage du beurre et de la poudre de lait, ainsi que des aides destinées aux éleveurs qui baissaient leur production, ont en partie compensé cette baisse des prix de gros. Mais les éleveurs ne voient pas là une solution durable. Ils réclament déjà que le litre leur soit payé 34 centimes et non 30. En 2016, près de 9 % des 62 000 exploitations laitières ont mis la clef sous la porte. Et à 30 centimes le litre de lait, beaucoup sont menacées.

Leur mécontentement est maintenant attisé par la hausse spectaculaire du prix du beurre en gros, qui a quasiment doublé en un an. La baisse des stocks de lait ainsi que la forte demande mondiale de beurre, en hausse et largement supérieure à l’offre, serait à l’origine des augmentations de prix en pâtisserie et croissanterie. En Allemagne, le prix de la plaquette de beurre dans la distribution a déjà augmenté de 40 %, et si pour l’instant les prix des distributeurs n’ont augmenté que de quelques centimes en France, ceux-ci envisageraient de ne pas s’arrêter là.

« Les entreprises ont la main sur la gestion des volumes », constate amèrement un éleveur laitier. Dans l’agro-alimentaire comme ailleurs, les groupes capitalistes décident, et s’enrichissent aux dépens de ceux qui travaillent, produisent, comme de ceux qui consomment. C’est ainsi que Besnier, PDG de Lactalis, peut s’enorgueillir de faire partie des dix plus grosses fortunes du pays. Il détient le beurre… et l’argent du beurre.

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