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Dans le monde
Sud-Soudan : 5 milliards de rente, 5 millions d’affamés
Dans l’est de l’Afrique, l’ONU, qui avait en février alerté des risques de famine pour des millions d’habitants, annonce aujourd’hui que, si 4 milliards d’euros de fonds ne sont pas levés, cela pourrait être la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le Sud-Soudan concentre tous les fléaux de ce système économique malade. Dans ce très jeune pays, le gouvernement a déclaré l’état de famine depuis février 2017. Près de cinq millions de personnes souffrent de la faim, soit 42 % de la population, et auraient besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Il faudrait, selon les Nations unies, 1,5 milliard d’euros pour endiguer la crise mais depuis février seuls 27 % ont été versés.
Depuis 2013, une guerre entre deux clans du pouvoir ravage le territoire. Le bétail est pillé, les récoltes sont détruites ou volées. La population civile doit fuir les zones de guerre et des milliers de déplacés s’entassent dans des endroits où ils ne peuvent plus assurer leur subsistance. Parfois des femmes doivent fuir leurs champs devant les combats et, obligées de rejoindre un camp de l’ONU en Éthiopie, elles sont séparées de leurs enfants pendant des années.
Comme dans le nord de la Somalie où les grandes villes de l’ouest sont débordées par l’arrivée massive d’éleveurs ayant perdu leur bétail (plus de 250 000 déplacés), la capitale Djouba du Sud-Soudan double sa population tous les six mois. Un camp accueille aujourd’hui 45 000 réfugiés qui dépendent entièrement de l’aide alimentaire. La sécheresse que connaît la région depuis trois saisons aggrave cette situation dramatique. Au Sud-Soudan, comme à l’est du Nigeria, des dizaines de milliers de migrants qui fuient les combats se retrouvent sans ressources, à survivre dans des abris, à manger les rares feuilles ou les baies plus ou moins comestibles.
Même lorsque les organisations humanitaires veulent acheminer des vivres, elles n’ont pas forcément accès à la population, car les barrages sont nombreux et les zones de combat inaccessibles. Les ONG procèdent donc, notamment au Sud-Soudan, par largage aérien de biens alimentaires, mais cela revient à « livrer du maïs au prix du caviar », souligne Marc Lavergne, spécialiste de la Corne de l’Afrique au CNRS.
Ce directeur de recherches accuse notamment les Nations unies d’être responsables de la situation catastrophique de ce pays créé de toutes pièces sous l’égide des États-Unis en 2011. Khartoum avait été menacé d’être bombardé comme l’Afghanistan ou l’Irak s’il ne lâchait pas le Sud-Soudan. Les dirigeants portés au pouvoir avec l’aide de l’ONU – Salva Kirrh et sa cinquantaine de ministres – sont d’anciens soudards de l’armée du Sud-Soudan, qui vivent aujourd’hui de la rente pétrolière de 5 milliards d’euros par an et d’aides humanitaires. Leurs milices pillent, volent, tuent et violent la population sans souci du développement du pays, à l’image des impérialistes occidentaux qui les ont protégées.
La population de cette région d’Afrique paye ainsi un terrible tribut à la domination de l’impérialisme et à ses serviteurs locaux.