Assises de la CGT : convaincre les patrons ou les contraindre ?08/02/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/02/2532.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Leur société

Assises de la CGT : convaincre les patrons ou les contraindre ?

Dans une brochure éditée pour les Assises de l’industrie qu’elle impulse, la CGT pose le problème des fermetures en cascade de sites industriels. Pour elle, la priorité est de « revoir les aides aux entreprises pour les réorienter vers la régénération des sites industriels et la création d’emplois ».

Il est en effet très choquant que les grandes entreprises, en particulier, se gavent d’aides publiques, tout en continuant à licencier, à supprimer des postes ou à fermer des sites. Mais une réorientation des aides ne suffira pas à arrêter cette hémorragie d’emplois. Elle est d’abord le résultat de la course au profit menée par les patrons, et les aides ne jouent qu’un rôle marginal dans leurs choix.

De plus, en admettant que les aides soient réellement réorientées vers les sites industriels, sans contrôle des travailleurs et en l’absence de contraintes sur les patrons, cela ne les empêcherait pas de fermer l’entreprise ou de licencier quelques mois ou années plus tard.

La CGT met en avant l’urgence de la reconquête industrielle. Elle explique : « Si on relocalisait la production, ne serait-ce que d’un tiers de ces produits, ce serait des centaines d’emplois recréés dans le pays. » Elle met en débat, selon ses termes, la nécessité de « produire autrement et mieux ». Mais toute la difficulté est de savoir comment imposer une telle politique aux patrons.

L’expérience de la gauche au pouvoir montre qu’on ne peut compter sur un gouvernement pour imposer aux patrons une autre politique industrielle que celle qu’ils ont choisie. D’ailleurs, ces derniers se moquent de ce que peuvent penser les politiciens au pouvoir, sachant qu’après quelques protestations initiales ils les aideront à justifier les licenciements.

L’intervention de l’État au capital des entreprises n’y change rien. Les salariés ont été les variables d’ajustement, dans les entreprises nationalisées comme dans les autres. Lorsque l’État est présent financièrement au sein des grands groupes du pays, il avalise aussi leur politique.

Empêcher les fermetures d’entreprises ou les licenciements nécessite un rapport de force entre les patrons et les salariés. Seule la mobilisation du monde du travail sur son terrain de classe peut imposer à la bourgeoisie de prendre sur ses profits, passés et présents, pour maintenir les emplois. Les conseils donnés aux patrons ou aux gouvernements pour leur recommander une autre politique industrielle ne peuvent remplacer une telle lutte.

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