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Dans les entreprises
Recherche et sous-développement
Alors qu’EDF fait une campagne publicitaire sur le thème « notre avenir est électrique », le groupe a une bien curieuse façon de s’y prendre en décidant de supprimer jusqu’à 200 emplois sur 2 000 dans l’unité censée le préparer : la Recherche et Développement.
Au début des années 2000, la R&D d’EDF comptait 2 700 agents. Ses effectifs ont baissé pour s’établir autour de 2 100 en 2015. Depuis, la chute continue : 80 de moins en 2016, 66 à 86 de moins en 2017 et ainsi de suite, si bien qu’en 2019 il ne resterait plus que 1 820 à 1 880 agents : ce serait 30 % de moins en vingt ans !
Pour ce faire, les annonces pleuvent : regroupement de services pour supprimer les doublons, notamment les fonctions centrales, mutualisation des outils de calcul avec Areva ou le CEA alors que la R&D d’EDF est normalement censée développer indépendamment les siens, pour vérifier les calculs de sûreté des concepteurs et des constructeurs, suppression des activités en commandite avec les autres unités qui subissent les mêmes coupes claires, comme la branche Commerce. Dans le domaine du nucléaire, on annonce la réduction des activités sur les problèmes qui ne sont pas directement dans le collimateur de l’Autorité de sûreté, alors qu’il y a les centrales actuelles à faire durer ou à démanteler, la conception des EPR à surveiller, le renouvellement du parc à préparer.
La direction n’hésite donc pas à réduire à néant des services compétents qui ont mis des années à se constituer, à s’asseoir sur les exigences de la sûreté nucléaire. Elle n’est pas pour autant gênée d’empocher chaque année 30 millions d’euros au titre du crédit impôt recherche.
La situation inquiète le personnel car, en y regardant de plus près, la moyenne d’âge étant assez basse, les suppressions d’emplois ne pourront pas s’effectuer par les seuls départs en retraite ou mutations habituelles. Les pressions des chefs pour inciter à partir dans d’autres unités commencent à se faire sentir, sachant qu’ailleurs aussi les emplois sont supprimés.
Mais surtout, l’an dernier, deux tiers des chercheurs sont passés au paiement « forfait jour ». Du coup, la charge de travail augmente mécaniquement avec les effectifs qui se réduisent, puisque avec ce dispositif une journée de travail n’est pas limitée à huit heures et peut légalement durer jusqu’à treize heures.
Lors de la dernière journée nationale de mobilisation du 31 janvier, près d’un agent de la R&D sur dix s’est mis en grève, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. C’est un début.