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Argentine : une coopérative ouvrière menacée
Fin 2016, le Sénat argentin avait adopté une loi d’expropriation en faveur de la coopérative des employés de l’hôtel Bauen, situé au centre de Buenos Aires. Cette loi entérinait l’autogestion mise en place par les travailleurs. Le veto apposé à cette loi par le président Mauricio Macri menace maintenant les emplois des 130 salariés de l’hôtel.
En 1978, le Mondial de football avait été organisé en Argentine. C’était en pleine dictature militaire. La junte, dont la politique économique consistait à démanteler les entreprises d’État au profit des entrepreneurs privés, avait accordé aux promoteurs de cet hôtel un prêt public, que ces derniers n’ont jamais remboursé. Lors du krach de 2001, les propriétaires de l’hôtel l’avaient fermé. Un an après, ses salariés avaient relancé l’activité, comme le firent alors des milliers de travailleurs qui remirent en route quelque 150 entreprises abandonnées par leur patron.
Depuis, cet hôtel, devenu une coopérative, était une des vitrines des entreprises autorécupérées. Non seulement les travailleurs assuraient le fonctionnement de l’hôtel mais, disposant de salles de réunion, l’hôtel jouait aussi un grand rôle social. De nombreux événements, meetings politiques ou syndicaux, journées d’études des universités, réunions d’associations culturelles, etc., y étaient organisés.
C’est parce que les anciens propriétaires n’avaient jamais remboursé leur prêt d’État que les sénateurs avaient accepté d’en transmettre la propriété aux travailleurs de la coopérative. Avec son veto, Macri menace 130 emplois et montre le mépris qu’il a pour les efforts fournis pendant treize ans par les employés de l’hôtel. Étant lui-même héritier d’un empire industriel, le président argentin ne trouve apparemment rien à redire quand l’argent public s’évanouit dans les poches du patronat.
Les travailleurs de l’hôtel se mobilisent maintenant pour faire sauter le veto du président, avec tous ceux qui les soutiennent.