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- Lutte ouvrière n°2963
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Leur société
8 mai : célébrer la paix… et préparer la guerre
Pour la commémoration du 8 mai 1945, Macron a prêché sans surprise les valeurs éternelles de la France et l’amour de la paix, tout en appelant à l’union nationale pour se préparer aux nouveaux dangers de guerre en Europe.
Au-delà des envolées convenues, Macron a toutefois eu une formule de vérité quand il a salué « la France qui conquérait le droit de s’asseoir à la table des vainqueurs ». Après la défaite des troupes allemandes et la chute du régime de Vichy en août 1944, le gouvernement d’union nationale dirigé par de Gaulle, et comptant dans ses rangs pour la première fois des ministres communistes, lançait l’armée française aux côtés des troupes américaines et britanniques jusqu’en Allemagne. Cette armée comptait dans ses rangs beaucoup d’hommes raflés dans les colonies, beaucoup d’anciens résistants, notamment communistes, et pas mal d’officiers qui s’étaient accommodé du régime de Pétain quand ils n’avaient pas été franchement pétainistes.
S’asseoir à la table des vainqueurs pour que les intérêts de l’impérialisme français soient défendus face aux États- Unis et la Grande-Bretagne, était bien l’objectif de De Gaulle. Ainsi, la bourgeoisie française, qui avait trouvé en Pétain un représentant capable de défendre ses intérêts au moment où l’Allemagne hitlérienne dominait l’Europe, put sortir sans trop de dommages des années d’Occupation. Le but de De Gaulle était surtout de conserver ou retrouver la mainmise sur les possessions coloniales et la population d’Algérie eut en particulier à payer dans le sang, ce même 8 mai 1945, ce festin des vainqueurs.
« Là où flottait son drapeau, flottait une certaine idée de l’homme », s’est exclamé Macron évoquant le drapeau tricolore pour clore son discours. Ce drapeau fut pourtant aussi celui du régime de Vichy, de la république qui mena les guerres coloniales qui ensanglantèrent l’Indochine, l’Algérie et une partie du continent africain. Le même drapeau est agité pour préparer la population à une nouvelle guerre, là encore pour la bourgeoisie.