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Dans le monde
Italie : On meurt de plus en plus au travail
En l’espace de deux jours, durant le mois de septembre, onze travailleurs ont trouvé la mort sur leur lieu de travail. Ils s’ajoutent au bilan macabre dressé par les statistiques officielles italiennes, qui recense 772 morts d’accidents du travail entre janvier et août 2021.
L’un, maçon, a perdu la vie lorsque le plafond et le balcon de l’immeuble sur lequel il travaillait ont brutalement cédé. Un autre maçon a fait une chute mortelle du onzième étage, sur le chantier d’une tour, dans un quartier de Rome, tandis qu’un ouvrier de la voirie est mort écrasé par un camion alors qu’il balisait le chantier, sur une autoroute, dans la province de Foggia. À Milan, ce sont deux ouvriers chargés de remplir un réservoir d’azote liquide semi-enterré qui sont morts asphyxiés et congelés, etc.
La liste sans fin des accidents du travail mortels concerne l’ensemble du pays et de la classe ouvrière, même si le bâtiment figure en haut du palmarès. Ce triste record ne doit rien au hasard : le secteur du bâtiment compte parmi ceux où la sous-traitance en cascade est la plus répandue, multipliant les risques pour des travailleurs qui ne se connaissent pas entre eux et qui découvrent le chantier et ses dangers, sans qu’aucune consigne de sécurité soit parfois donnée, sans parler des moyens de s’en protéger.
Loin d’être synonyme d’embauches, la « reprise économique » vantée par le gouvernement se traduit, pour les travailleurs, par une aggravation des conditions de travail, avec des rythmes et des cadences plus durs. Avec la levée des restrictions sanitaires, l’interdiction des licenciements, en vigueur au plus fort de la pandémie, a été levée le 1er juillet. La menace du chômage exerce une pression supplémentaire sur les travailleurs, pour les contraindre à accepter des mesures de sécurité moins protectrices, quand elles ne sont pas totalement inexistantes.
Des chiffres comme ceux-là font régulièrement la une de l’actualité. L’Italie est l’un des pays riches d’Europe où depuis longtemps l’on meurt le plus d’être ouvrier. En 2008, on dénombrait 4,5 morts au travail pour 100 000 travailleurs dans le pays, contre 1,84 en France ou 1,02 au Royaume-Uni. Et en 2015 la moyenne des morts au travail s’établissait déjà à trois victimes par jour, moyenne dépassée aujourd’hui.
Devant cette avalanche de victimes en quelques jours, le gouvernement s’est fendu de déclarations affligées sur la « nécessité d’arrêter le massacre » et a promis quelques mesures, parmi lesquelles l’embauche d’inspecteurs du travail, la suspension immédiate des activités d’une entreprise où des manquements graves à la sécurité seraient constatés, ou encore des formations dans les ateliers et les écoles, financées par les régions. Les embauches promises, insuffisantes au regard des besoins réels, verront-elles vraiment le jour ? Les sanctions promises seront-elles plus dissuasives que celles déjà inscrites dans la loi ? Les formations plus efficaces ?
En réalité, ce qui fait augmenter le nombre d’accidents du travail mortels est inscrit dans la « reprise » économique à la sauce patronale, qui consiste à assurer la reprise plein pot des profits, en accentuant l’exploitation des travailleurs et au mépris de leur vie. C’est à ce système d’exploitation que la classe ouvrière doit s’opposer, pour ne pas perdre sa vie à la gagner.