États-Unis : capitalisme sous perfusion22/12/20202020Journal/medias/journalnumero/images/2020/12/2734.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : capitalisme sous perfusion

Environ 900 milliards de dollars : c’est le montant du nouveau plan de « stimulation » de l’économie sur lequel républicains et démocrates du Congrès américain se sont accordés le 20 décembre.

Avant même que le texte de loi soit rendu public, ces dirigeants politiques ont tenu à communiquer sur l’aide aux petites entreprises, aux ménages et aux chômeurs. Chaque famille gagnant moins de 75 000 dollars par an va toucher une somme forfaitaire de 600 dollars (un peu moins de 500 euros) pour chaque adulte et enfant jusqu’à seize ans.

La durée des allocations chômage est prolongée de onze semaines et l’État fédéral va rajouter 300 dollars par mois aux allocations qui dépendent de chaque État. Il était temps car douze millions de chômeurs arrivaient en fin de droits après Noël. Le taux de chômage officiel a doublé en un an.

Au printemps, un premier plan d’aide aux classes populaires subissant de plein fouet la crise avait déjà été mis en œuvre : les ménages avaient alors touché le double de ce qui est à présent prévu pour janvier. Cela n’avait même pas empêché un énorme besoin d’aide alimentaire, d’autant plus que les aides fédérales avaient parfois mis des semaines et des mois à être versées. Des millions de chômeurs n’y avaient même pas eu droit ou n’avaient pas pu s’inscrire pour les toucher.

Au printemps les retards de loyer ou de remboursement des crédits immobiliers aux banques ont été tellement massifs qu’un moratoire pour les expulsions de logement avait été décrété jusqu’ au 31 décembre. Il vient d’être prolongé jusqu’au 31 janvier sans que l’angoisse de perdre son logement ne disparaisse pour autant.

Le nouveau plan d’aide prévoit aussi 13 milliards pour financer l’aide alimentaire d’urgence et 82 milliards de financement pour le système scolaire, dont la partie publique est sous- dotée en permanence en regard des besoins.

L’importance de ces chiffres montre l’étendue de la crise que subissent les travailleurs aux États-Unis. Ces aides ne font qu’atténuer un peu la violence de la contraction brutale de l’économie. Le grand patronat a licencié en masse cette année, plongeant les classes populaires dans la misère. Il laisse à l’État le soin de gérer la situation catastrophique qui en résulte.

Pendant des mois, républicains et démocrates ont discuté discrètement du nouveau plan d’aide. Mais en public, ils s’affrontaient dans une compétition électorale et ne souhaitaient pas afficher leur accord fondamental. Un mois et demi après les élections, ils sont tombés d’accord, tout comme au printemps. Trump, encore au pouvoir pour un mois, et son successeur Biden ont avalisé l’accord trouvé au Congrès entre un Sénat républicain et une Chambre des représentants démocrate.

Car l’essentiel du plan réside dans les centaines de milliards qui vont être dirigés vers les entreprises, c’est-à-dire vers le grand capital, sur lesquels les hommes politiques de la bourgeoisie donnent pour l’instant beaucoup moins de détails.

Pour la seconde fois cette année, l’État fédéral va injecter des sommes colossales dans une économie capitaliste de moins en moins capable de fonctionner sans aides étatiques. Les 900 milliards de dollars du second plan s’ajoutent aux 2 200 du premier, laissant loin derrière les 800 milliards débloqués en urgence en 2008 pour éviter au capitalisme de sombrer alors dans la crise financière générale.

L’inflation des sommes indique que la situation économique est bien plus grave aujourd’hui et qu’elle n’est pas du tout stabilisée, quels que soient les discours sur la « reprise économique ».

Partager