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Soudan : l’armée reste au pouvoir
Samedi 17 août, l’Alliance pour la liberté et le changement, au nom de l’opposition civile, et les généraux du Conseil militaire de transition ont signé à Khartoum une déclaration constitutionnelle censée organiser la transition politique pour les trois prochaines années.
Cette déclaration prévoit la mise en place d’un conseil de souveraineté composé de cinq militaires et six civils. Cet organe, destiné à chapeauter la transition, devait confirmer la nomination du futur Premier ministre choisi par l’opposition, Abdallah Hamdok, économiste ayant travaillé pour l’ONU. Celui-ci devra former un gouvernement dont les postes clés de la Défense et de l’Intérieur sont d’ores et déjà réservés à des militaires.
Autant dire que les centaines de milliers de personnes qui ont manifesté depuis des mois pour que l’armée quitte complètement le pouvoir, ou encore les opposants qui ont survécu à la traque des militaires et des miliciens lâchés le 3 juin dans les rues de la capitale, peuvent se sentir trahis. C’est d’ailleurs ce qu’ont exprimé certains partis ayant formé la coalition civile contre l’armée. Ainsi, pour le Parti communiste soudanais, « le futur gouvernement ne pourra répondre ni aux aspirations ni aux buts de la révolution ».
En réalité, cette transition négociée au sommet vise à assurer la perpétuation du pouvoir des militaires et de la minorité qui s’est enrichie sous la dictature d’al-Béchir. Les militaires garderont la main sur le gouvernement, en plus de leurs multiples troupes de répression, qu’ils peuvent utiliser contre la population à tout moment. Ils garderont le contrôle sur les biens de l’ancien parti au pouvoir, qu’ils se sont appropriés, estimés à 28 milliards d’euros sous forme d’immeubles et de comptes en banque, et sur le puissant service de renseignement soudanais, le NISS, qui avait, sous al-Béchir, la mainmise sur des pans entiers de l’économie.
Si des politiciens sont prêts à brader les sacrifices consentis par les manifestants soudanais en échange de quelques miettes laissées par les militaires, rien n’assure que les exploités, les jeunes ou les femmes qui ont commencé à se révolter s’en satisferont.