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Airbus – Toulouse : les actionnaires se gavent
Publiés fin juillet, les résultats du groupe Airbus pour le premier semestre 2019 crèvent les plafonds. Par rapport à la même période de 2018, le chiffre d’affaires de 30,9 milliards d’euros augmente de 24 %, le bénéfice net de 1,197 milliard d’euros est en hausse de 141 %, la marge, autrement dit la rentabilité, passe de 4,6 à 8,2 %.
Ces résultats sont le produit d’une exploitation continue des travailleurs. À Toulouse, où sont conçus et assemblés les avions, les cadences de sortie des appareils sont revues à la hausse, année après année, sans que pour autant les effectifs suivent. Ainsi, fin 2018, il y avait 15 074 salariés, 35 de moins que fin 2017. Par contre les heures supplémentaires et le nombre de samedis travaillés ont explosé.
À l’augmentation des cadences de travail s’ajoute celle de l’intensité du travail, de la pénibilité. Il faut aussi ajouter le surmenage, le stress toujours croissants imposés par la direction, ainsi que la mise en compétition des salariés, les pressions toujours plus fortes pour obtenir des résultats individuels toujours plus performants.
Réorganisations, évolution des méthodes de travail, introduction de nouveaux outils, de technologies nouvelles, de la digitalisation, du numérique : non seulement il faut travailler plus vite, mais il faut être toujours plus réactifs, « agiles » comme ils disent. Que ce soit sur les chaînes ou dans les bureaux, le seul objectif des dirigeants est d’augmenter la productivité. Par exemple, sur la chaîne A350, un nouveau logiciel de gestion du travail devrait permettre aux ouvriers d’éviter de se déplacer : afin de diminuer la fatigue, leur a-t-on expliqué. Peut-être, mais c’est surtout pour gagner du temps de fabrication et en attendant, avec les bugs et autres dysfonctionnements, cela a demandé encore plus de travail.
Résultat : en 2018, les absences pour maladie ont augmenté de 7,5 % ; pour les longues maladies de plus de six mois, cette augmentation est même de 11 %. De janvier à octobre 2018, 610 accidents du travail se sont produits, entraînant 12 017 jours d’arrêt, soit 20 jours en moyenne. Et quand les travailleurs usés par les mauvaises conditions de travail ne sont plus compétitifs, la direction cherche de plus en plus à s’en débarrasser. Après quelques simagrées pour montrer qu’elle a essayé de trouver un poste de travail adapté, elle les licencie.
Quant aux travailleurs sous-traitants, en interne ou à l’extérieur, leur situation est souvent plus difficile. Ainsi, les peintres d’une entreprise spécialisée dans la peinture des avions ont fait trois jours de grève pour dénoncer le manque de sécurité. Les produits qu’ils manipulent – sous-couche, mastic, peinture… – contiennent du chromate VI, une substance hautement cancérigène et mutagène. Il est interdit depuis 2017, mais le patron a obtenu des dérogations. Selon l’inspection du travail et la Carsat, le système d’aspiration est dix fois inférieur aux normes en vigueur.
« Le deuxième semestre 2019 reste un défi en termes de livraisons et en termes de cash », a déclaré Guillaume Faury, le PDG du groupe. Ce qui signifie dans son langage patronal : il faut toujours plus de profits pour les actionnaires.