Urgences des hôpitaux : la colère ne retombe pas12/06/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/06/Une_manif_Urgence_6_juin_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C7%2C385%2C224_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Urgences des hôpitaux : la colère ne retombe pas

Jeudi 6 juin, la manifestation des soignants de services d’urgence a rassemblé près de 1 000 personnes à Paris, venues d’hôpitaux de la région parisienne et de province, comme Avignon, Aix, Brest, Nantes ou Lons-le-Saunier, à l’appel du Collectif inter-urgences et soutenue par des syndicats et l’Association des médecins urgentistes de France. Une manifestation a encore eu lieu mardi 11 juin.

Illustration - la colère  ne retombe pas

Le 6 juin, c’est un cortège très dynamique qui s’est dirigé vers le ministère de la Santé, où une délégation a demandé à être reçue par Agnès Buzyn. Depuis plus de deux mois, des infirmiers et aides-soignants s’organisent pour protester contre les conditions de travail aux Urgences devenues insupportables. Le nombre de patients a doublé en 25 ans. Les effectifs sont largement insuffisants. Les délais d’attente avant de voir un médecin s’allongent pour les patients, qui attendent sur des brancards ou des chaises, et les agressions augmentent. Le matériel est défectueux.

En décembre dernier, une patiente de 55 ans est décédée aux Urgences de l’hôpital Lariboisière à Paris, après des heures d’attente, sans avoir pu être auscultée par un médecin. À Rennes, une femme de 60 ans est décédée dans les mêmes conditions.

À cela s’ajoutent les coupes budgétaires, qui entraînent des fermetures de lits dans tous les services des hôpitaux, rendant encore plus difficile aux Urgences de diriger les patients vers un lit d’hospitalisation.

Les soignants sont à bout de souffle. Ils n’ont souvent pas le temps de manger ou d’aller aux toilettes. À Lariboisière, une quinzaine d’infirmières et d’aides-soignantes ont posé un arrêt maladie de 48 heures, une façon d’envoyer un signal et de faire comprendre que les équipes sont épuisées. À l’hôpital de Lons-le-Saunier, la majorité du personnel des Urgences s’est également mis en arrêt maladie pendant plusieurs jours.

La ministre Agnès Buzyn a réagi en faisant une leçon de morale. « Ce n’est pas bien. Cela entraîne une surcharge de travail pour les autres », a-t-elle eu le culot de déclarer, elle qui fait la sourde oreille aux demandes de renfort des soignants depuis des mois et semble ignorer les heures non payées qu’ils font souvent pour ne pas abandonner leurs collègues et les patients.

Les équipes des Urgences réclament des moyens pour soigner correctement : des embauches en nombre ­ainsi qu’une augmentation de 300 euros par mois. Buzyn a peut-être cru calmer la colère en annonçant des mesures pompeuses comme la « refondation » des services d’urgence ou encore la création d’un Conseil national de l’urgence hospitalière. Mais elle n’a en réalité débloqué aucun moyen supplémentaire. Et c’est bien à cette politique de restrictions budgétaires que le personnel des Urgences est confronté, comme celui de tous les services hospitaliers. C’est dans tous les services que les soignants ont à se défendre et à défendre la santé des patients. C’est à cette échelle que le mécontentement devra s’exprimer et que le mouvement devra s’élargir.

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