Mexique : chasse aux migrants pour le compte de Trump12/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2654.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mexique : chasse aux migrants pour le compte de Trump

Fin mai, Trump, qui n’avait pas réussi à réaliser son projet de mur à la frontière du Mexique, avait lancé un ultimatum à ce pays : s’il ne prenait pas des mesures contre les migrants avant le 10 juin, les marchandises importées du Mexique vers les États-Unis seraient fortement taxées, de 5 % à 25 %.

Il a finalement renoncé à sa menace, sans renoncer pour autant à ses pressions sur le pays.

Le Mexique exporte 80 % de ses produits vers les États-Unis, où ces importations mexicaines pèsent 310 milliards d’euros par an. Suite aux mesures brandies par Trump, il aurait pu perdre de 15 à 77 milliards d’euros selon le taux retenu.

Le président mexicain, de centre gauche, Andres Manuel Lopez Obrador (« Amlo ») a écrit à Trump que « les problèmes sociaux ne sauraient être résolus par des taxes ou des mesures coercitives », et il a délégué plusieurs ministres pour trouver un arrangement, sans que Trump cesse pour autant ses déclarations agressives contre l’immigration venue du Mexique.

En avril dernier, les patrouilles nord-américaines ont bloqué 109 000 migrants à la frontière. Les États-Unis souhaiteraient que ce sale travail revienne à la « migra », la police mexicaine chargée de la chasse aux migrants. « Nous avons rapatrié dans leur pays des migrants comme jamais auparavant », a plaidé le président mexicain. Entre janvier et avril dernier, la migra a interpellé 51 000 migrants, un nombre en hausse de 17 % par rapport à l’an dernier. Et 45 000 ont été expulsés, un record.

Si finalement Trump a remballé sa menace de taxation, c’est aussi bien sûr que l’économie mexicaine étant imbriquée dans celle des États-Unis, cette taxation serait une arme à double tranchant. Elle frapperait aussi les entrepreneurs nord-américains opérant au Mexique.

En tout cas, le Mexique va continuer sa répression policière contre les migrants. Ceux qui font des demandes d’entrée aux États-Unis devront attendre la réponse au Mexique ; ce qui en fait existe déjà. La police mexicaine devrait aussi se déployer à la frontière avec le Guatemala. Et, bien sûr, la guerre aux passeurs et aux narcotrafiquants va continuer. Seule concession au Mexique, un plan de développement économique pour créer des emplois au sud du pays et en Amérique centrale a été promis.

Avant même que cet accord ne voie le jour, la migra avait publié son bilan du mois de mai : 144 000 arrestations de migrants, 32 % de plus qu’en avril. Les migrants d’Amérique centrale savent depuis longtemps que le premier obstacle à franchir pour rejoindre les États-Unis est au Mexique. Et cela n’a pas changé avec l’élection du président Amlo.

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