Gaspillage : le produit du système économique12/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2654.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gaspillage : le produit du système économique

« C’est un gaspillage scandaleux », a déclaré le Premier ministre, Philippe, le 4 juin, réagissant avec plusieurs mois de retard aux images de M6 montrant l’entreprise Amazon en train de détruire des stocks de téléviseurs et de jouets invendus.

Voulant répondre à l’inquiétude générale pour l’environnement, Philippe a même décrit l’action de son gouvernement comme rien de moins qu’une première mondiale, puisqu’il prévoit le vote d’une loi cet été pour interdire la destruction de produits neufs… fin 2023.

La secrétaire d’État Brune Poirson a entonné le même air devant les députés : « Produire pour détruire, c’est fini ». Ce à quoi le représentant d’une fédération patronale a eu beau jeu de répondre que les entreprises ne devraient pas être visées par une loi : « Car le but de toute entreprise est d’avoir le plus faible taux d’invendus. Elle ne produit jamais plus qu’elle n’espère vendre. »

C’est vrai pour chaque entreprise. Elles planifient d’ailleurs leur production, surtout les plus grandes, en fonction du marché qu’elles espèrent conquérir ; non pas pour satisfaire les besoins de chacun, mais pour accroître le profit des bourgeois qui possèdent les capitaux.

Mais le capitalisme, c’est la concurrence entre les entreprises. Chacune veut la plus grosse part d’un marché qui n’est pas extensible, et affronte les autres dans ce but. Or elles ne s’aperçoivent de leurs succès ou de leurs échecs que bien après la phase de production, quand les circuits de distribution débordent de ces marchandises. Au total, elles produisent donc en général trop par rapport aux capacités d’absorption du marché, ce qui génère des invendus.

Cette anarchie dans la production caractérise le mode de production capitaliste. Elle peut provoquer non seulement des invendus mais des crises économiques dévastatrices, pendant lesquelles le décalage entre le marché solvable et les besoins réels de la population éclate au grand jour. Lors de la grande crise de 1929, les sacs de café invendus étaient brûlés dans les chaudières des locomotives au Brésil et les cageots d’oranges étaient brûlés en Californie devant les yeux des chômeurs affamés. Aujourd’hui, des logements neufs ne trouvent pas preneurs, pendant que les mal-logés se comptent par millions. La généralisation du crédit et de l’endettement n’a fait que repousser cette contradiction, elle ne l’a pas fait disparaître.

L’absurdité d’un tel système saute aux yeux. Non seulement il faut adapter la production à la demande et aux impératifs écologiques, mais c’est toute l’économie qu’il faut organiser en fonction des besoins des hommes. Il est vain de l’attendre d’un système régi par les lois du capital et du marché aveugle : il faut le renverser.

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