Ford – Blanquefort : l’État avalise les licenciements06/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P12_Ford_Le_Maire_Lupo_OK.jpg.420x236_q85_box-0%2C68%2C385%2C285_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ford – Blanquefort : l’État avalise les licenciements

Lundi 4 mars, l’État, par l’intermédiaire de la Direction régionale du travail (Direccte), a validé le plan social (PSE) présenté par Ford, autorisant donc celui-ci à licencier les 870 travailleurs de Ford Aquitaine Industries (FAI) et, dans la foulée, des centaines de prestataires et sous-traitants.

Illustration - l’État avalise les licenciements

Le budget du PSE se monterait à 165 millions d’euros, ce que la presse économique, comme Challenge, a traduit par le fait que les salariés toucheraient chacun 190 000 euros. C’est un mensonge. En réalité, toute une partie du plan est destinée à payer les cabinets de reclassement et les organismes de formation plus ou moins réelle qui accompagneront les licenciés vers Pôle emploi. Seulement quelques dizaines de salariés seront reclassés dans l’usine GFT, voisine de Ford. Et un tiers des travailleurs de l’usine partiraient en pré-retraite avec 70 % du salaire brut à condition d’être à sept ans de la retraite. Pour les autres, plus de la moitié des 870 travailleurs, ce sera le chômage.

Ford ose vanter les conditions de départ de son plan. Mais les primes de départ légales et extra-légales, qui sont fonction de l’ancienneté, représentent deux à trois ans de salaire, congés de reclassement compris, bien loin des 190 000 euros dont parle Challenge ! Ces indemnités sont donc peu de chose, car à l’issue du reclassement, ce qui attend la plupart des licenciés, c’est Pôle emploi et pour longtemps.

Du côté du gouvernement, la comédie continue. Macron, en déplacement à Bordeaux le 1er mars, a attaqué Ford pour son « cynisme ». Celui-ci est bien partagé puisque la Direccte, organisme étatique, ne s’est pas opposée au PSE. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui avait longtemps parlé de nationalisation temporaire de l’usine, l’exclut maintenant. Mais pour faire bonne figure, il réclame de Ford qu’il investisse dans la « revitalisation » du site 20 millions d’euros au titre du remboursement des aides publiques que l’entreprise a touchées entre 2012 et 2018. Ford n’a pas touché 20 millions d’aides, mais au moins 50. Lui demander 20 millions est de toute façon bien peu de chose pour un groupe qui a fait 46 milliards de dollars de bénéfices depuis cette date, et qui débourse 165 millions pour fermer l’usine. Quant à la revitalisation industrielle et à l’accompagnement des salariés, c’est la manière classique d’enterrer une usine.

Les travailleurs n’ont pas dit leur dernier mot, les licenciements n’ayant de toute façon pas lieu avant fin août. Le cynisme des uns et des autres s’affiche maintenant ouvertement. L’État a montré à tous que, conformément à sa nature, il ne s’opposera pas à une décision du grand capital. Il faudra une véritable mobilisation des travailleurs pour imposer de meilleures conditions de départ, que ce soit pour obtenir plus d’argent, certains parlant maintenant d’un minimum de 200 000 euros pour tous, ou pour imposer la garantie d’un emploi quel que soit l’employeur.

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