Bayer – Villefranche-Limas : après le licenciement d’un délégué, la grève continue06/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P12_Bayer_26_02_19_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C36%2C385%2C252_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bayer – Villefranche-Limas : après le licenciement d’un délégué, la grève continue

Lundi 25 février, l’inspectrice du travail a annoncé qu’elle autorisait le licenciement du délégué syndical CGT, qui était mis à pied en vue de licenciement depuis le 10 décembre à l’usine Bayer de Villefranche-Limas dans le Rhône. Il a reçu sa lettre de licenciement deux jours après.

Illustration - après le licenciement d’un délégué, la grève continue

Le piquet de grève s’est relayé jour et nuit depuis le 10 décembre, avec une douzaine de présents en permanence. Sur les 350 salariés, 150 travaillent en 5x8 à la production et ils ont été plus de 100 à participer aux débrayages, de 2 à 8 heures par jour, pendant près de trois mois.

Le militant avait été informé de sa mise à pied le jour de la fin des négociations sur les salaires. Bayer n’avait accordé que 2,1 % d’augmentation, alors qu’il a versé 2,7 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires et racheté Monsanto pour 54 milliards d’euros. De plus, la direction venait d’élaborer un nouveau règlement intérieur particulièrement discriminant pour les salariés en production.

Ces derniers, indignés par ce mépris de la direction, ont été convaincus que, si elle s’en prenait à un militant combatif, c’était pour pouvoir mieux s’en prendre à eux tous. D’autant plus que Bayer prévoit 12 000 suppressions d’emplois directs dans le monde. Qu’en sera-t-il à Villefranche ?

Pour justifier le licenciement, la direction a monté un dossier reprochant à ce délégué des menaces, intimidations, harcèlement, avec des témoignages que certains travailleurs ont retirés ensuite, tandis que beaucoup d’autres ont fait des témoignages en sa faveur.

L’inspectrice du travail a attendu presque la date limite pour rendre son avis, justifiant sa décision en retenant comme « faute grave » « l’abus d’expressions contre des membres de la direction » et une « intrusion sur le site » pour être entré avec le badge d’un collègue pour une réunion parce qu’il n’avait pas le sien… ce que tout le monde fait à l’occasion !

Les travailleurs ont tenu bon pendant toutes ces semaines d’attente. Ils ont poursuivi les débrayages et le piquet, avec quelques temps forts comme une manifestation au siège à Lyon et un rassemblement devant l’usine plusieurs samedis.

Après l’annonce de la décision de l’inspectrice du travail, les débrayages et le piquet de grève ont continué. La décision de poursuivre a été renouvelée lundi 4 mars, car les grévistes ont obtenu de la direction la réouverture des négociations, mercredi 6 mars, sur les salaires et la politique de « ressources humaines », en présence du DRH France.

Pour le moment, les grévistes n’ont pas réussi à empêcher le licenciement mais ils comptent bien continuer à apporter leur soutien au délégué, qui n’a pas épuisé tous les recours. Des liens très forts de solidarité se sont noués sur le piquet de grève. Bien peu de production est sortie pendant ces trois mois, faisant perdre à Bayer plusieurs millions d’euros. La direction devra tenir compte à l’avenir de la volonté de se faire respecter des travailleurs, dont la combativité et la ténacité l’ont obligée à renégocier.

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