Incendie d’Aubervilliers : le scandale du mal-logement22/08/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/08/2612.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Incendie d’Aubervilliers : le scandale du mal-logement

Dimanche 19 août, un incendie a ravagé un petit immeuble à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, faisant 23 blessés, dont cinq enfants et deux adultes grièvement touchés.

Le sinistre a eu lieu dans un local à bail commercial, qui n’était donc pas destiné à l’habitation. Pourtant, plus d’une famille y logeait, dans des conditions de précarité et d’insalubrité indignes. Dans un communiqué, la maire PCF d’Aubervilliers a souligné que le seul quartier du centre-ville comptait 75 % de logements privés, dont 42 % potentiellement indignes. Elle a expliqué également la façon dont la municipalité se heurte à la toute-puissance de la propriété privée pour lutter contre les marchands de sommeil, pour également procéder à la réhabilitation des immeubles anciens et dégradés. Elle a insisté sur le manque de moyens financiers et de crédits, en particulier de la part de l’État, pour ne serait-ce qu’améliorer la situation du logement dans cette ville populaire.

Aubervilliers n’est pas la seule ville qui souffre de cette situation du mal-logement. Dans bien des banlieues et des quartiers populaires des grandes villes du pays, la situation est comparable. Depuis des décennies, les gouvernements successifs annoncent la résorption de l’habitat insalubre, sans résultat. Dans son bilan de 2018, la fondation Abbé-Pierre enregistrait 4 millions de personnes mal logées en France, dont près de 900 000 sans domicile, ou en chambres d’hôtel, ou hébergées par des tiers. La loi du marché règne en maître, permettant aux propriétaires privés de louer, ou pas, au prix qu’ils décident, pendant que la baisse des revenus des travailleurs, la montée du chômage, la baisse des aides gouvernementales finissent de rendre l’accès à un logement décent très difficile, voire impossible.

Pourtant, résorber le logement insalubre n’aurait rien de révolutionnaire. En fait, un gouvernement qui voudrait répondre aux besoins de la population laborieuse aurait les moyens d’en finir avec l’insalubrité et d’interdire aux propriétaires de faire tout et n’importe quoi. Que des margoulins louant des locaux indignes puissent exister et s’enrichir grâce à la crise du logement est en soi un scandale. Un tel gouvernement aurait également tous les moyens de construire en direct les logements qui manquent et de permettre à chacun d’avoir un logement décent.

Encore faudrait-il que le droit de mettre un toit au-dessus de sa tête et de celle de sa famille prime sur le sacro-saint respect de la propriété privée des détenteurs de biens immobiliers.

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