Mistral russe et Rafale qatari : la diplomatie des marchands de canons27/05/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/05/2443.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mistral russe et Rafale qatari : la diplomatie des marchands de canons

Avant la série de ventes d’armes réalisée par Hollande au Moyen-Orient et en Inde, la France avait déjà un gros contrat en cours : deux BPC Mistral, des navires de guerre, pour la Russie, contrat signé en 2011 pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. Les navires en question, dont trois exemplaires sont déjà en service dans la marine nationale, sont conçus par DCNS et réalisés par STX, à Saint-Nazaire.

Mais, alors que les bateaux étaient en construction et que la Russie avait déjà payé 800 millions d’euros, le vendeur et l’acheteur se sont opposés dans la question ukrainienne. Hollande, suivant les banques et les multinationales françaises et allemandes, tente d’attirer l’Ukraine dans l’orbite européenne. Poutine tient à la conserver dans la zone d’influence russe. Chacun se battant par milices interposées, faisant fond sur des nationalismes opposés, armant et finançant ses champions, l’Ukraine est plongée dans une situation de guerre civile, larvée ou ouverte suivant les moments et les régions.

Dans ces circonstances, la vente de navires de guerre par la France à la Russie faisait tache, d’autant qu’une partie de la question se cristallise autour de la Crimée, du port militaire de Sébastopol et de la marine de guerre russe. Malgré les sommes en jeu, malgré l’attrait des ventes d’armes, Hollande a donc suspendu à contrecœur la livraison des Mistral.

Ce revirement commercial et diplomatique a été assorti de déclarations d’une haute tenue morale sur les valeurs démocratiques, que Poutine ne respecterait pas, sur la violence, qu’il conviendrait de ne pas employer dans les rapports entre peuples, et autres discours. Dans le même temps la France vendait des armes au Qatar, monarchie qui finance des milices islamistes et à l’Égypte, dictature militaire qui emprisonne les opposants quand elle ne les assassine pas.

Le délai de livraison ayant expiré, la vente est désormais annulée et la Russie doit être remboursée. La discussion en cours porte sur le montant du remboursement et sur le devenir des deux bâtiments. Le Figaro, journal de Dassault, bien informé des choses militaires puisque celui-ci est le principal marchand de canons français, évoque une destruction pure et simple, moins coûteuse qu’une transformation pour un nouveau client.

Le BPC justifierait ainsi son nom, Bon Pour la Casse, et deviendrait le premier bateau de guerre à partir par le fond pour le profit, certes, mais au moins sans avoir fait de victimes. À part bien sûr le contribuable.

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