À l'appel des dirigeants des Tea Parties, 100 000 à 300 000 personnes venant de tout le pays se sont rassemblées samedi 28 août à Washington.

LES TEA PARTIES, UN COURANT REACTIONNAIRE

Les principales figures de la manifestation étaient le présentateur de télévision de la chaîne Fox News Glenn Beck et l'ancienne candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin, ultraconservatrice. Les organisateurs avaient choisi une date et un lieu symboliques du célèbre discours « J'ai fait un rêve » de Martin Luther King, le 28 août 1963, sans doute pour mieux contourner l'accusation de racisme.

Le mouvement des Tea Parties tire son nom de la Boston Tea Party de 1773, une émeute qui annonça la révolte des Américains contre la domination britannique. Reprenant des thèmes classiques de la droite américaine, ce mouvement revendique la lutte contre le big governement (l'État fédéral fort), contre le déficit public, les impôts ou encore la réforme récente de l'assurance maladie. Il s'est formé en marge du Parti Républicain, mais 80 % de ses militants en sont issus. Il s'agit donc d'abord de militants qui n'ont pas digéré la défaite de 2008 et entendent prendre une revanche lors des élections de mi-mandat, en novembre prochain.

LES DESILLUSIONS DE LA PRESIDENCE OBAMA

Il est en effet vraisemblable que les Démocrates perdent ces élections, après avoir perdu plusieurs élections partielles ces derniers mois. Le Parti Républicain, complètement discrédité en 2008 après huit années de présidence Bush, s'est requinqué. Il a notamment capitalisé sur les nombreuses déceptions de la présidence Obama. Il y a eu : le maintien de dizaines de milliers de soldats en Irak ; l'intensification de la guerre en Afghanistan ; les attaques contre les immigrés ; les énormes aides publiques aux banques ; l'aggravation de la crise économique pour les classes populaires et l'augmentation du chômage ; le cadeau aux assurances médicales et aux entreprises pharmaceutiques et médicales qu'a représenté la réforme de l'assurance maladie, etc. En gouvernant au service des capitalistes, dans la droite lignée de Bush et consorts, Obama et les Démocrates se sont coupés d'une partie de leur base et ont ainsi permis à la droite conservatrice de relever la tête.

DES BAILLEURS DE FOND MILLIARDAIRES

Le mouvement des Tea parties est financé par plusieurs des principales fortunes du pays : le magnat des médias Rupert Murdoch, propriétaire du réseau n° 1 de télévision, Fox, qui emploie Beck et Palin ; mais aussi les milliardaires David et Charles Koch, dont le patrimoine cumulé les place juste derrière Bill Gates et Warren Buffet au classement des plus riches.

Les Tea parties et la droite républicaine réussiront-ils à progresser dans l'opinion ? C'est possible, car il n'y a pas aujourd'hui aux États-Unis de courant politique significatif contestant les Démocrates sur leur gauche. Et les syndicats, qui ont largement soutenu Obama et ont contribué à son élection, s'aplatissent devant les volontés du pouvoir et des capitalistes, comme dans l'automobile, contribuant ainsi à démobiliser les travailleurs. Et plus Obama gouvernera au service des plus riches, plus il démoralisera sa base électorale, laissant ainsi les coudées franches à la droite conservatrice.