Espagne : Sanchez et l’UE assassinent à Melilla29/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Sanchez et l’UE assassinent à Melilla

De l’époque coloniale, l’Espagne a gardé deux enclaves au Maroc, face au détroit de Gibraltar : Ceuta et Melilla. Ces deux villes de quelques dizaines de milliers d’habitants situées sur le continent africain offrent ainsi aux migrants l’espoir d’un accès à l’Union européenne et d’une vie meilleure.

Les deux enclaves sont devenues ces dernières décennies de véritables forteresses, encerclées par des clôtures, des miradors, des barbelés et les forces policières, espagnoles comme marocaines.

Vendredi 24 juin, à Melilla, où trois clôtures se succèdent sur 14 kilomètres, plusieurs milliers de migrants africains ont essayé de passer du côté espagnol, pour rejoindre le centre où déposer leur demande d’asile. Au moins 37 migrants seraient morts dans cette tentative, et des dizaines auraient été blessés, selon les ONG, sous les coups de la police marocaine ou en tombant des clôtures qui font plusieurs mètres de haut. La police espagnole dit ne pas avoir participé à cette répression, mais elle a été plus que complice en repoussant les migrants par ses charges et en laissant la police marocaine faire le sale travail en territoire espagnol. Du côté marocain, les migrants arrêtés ont été parqués sur quelques mètres carrés, entassés les uns sur les autres, tabassés et laissés sans soins ni nourriture pendant des heures.

Les images de ces heurts, filmés par une ONG, sont passées sur les réseaux sociaux et ont indigné de nombreux Espagnols, donnant lieu à des rassemblements importants dans les grandes villes.

Les morts qui s’accumulent en mer Méditerranée – plus de 3 000 en 2021 selon l’ONU – sont le résultat d’une politique assumée des dirigeants des pays riches, et notamment de Pedro Sanchez, Premier ministre socialiste d’Espagne. Ce dernier a reconnu « le travail extraordinaire de la gendarmerie marocaine » qui, « en coordination avec les forces de sécurité espagnoles », a essayé de freiner « un assaut violent et organisé par les mafias qui trafiquent les êtres humains ». Son gouvernement, qui se qualifie lui-même « le plus progressiste de l’histoire », compte des ministres du parti Podemos et du Parti communiste mais, sur la question des migrants, il se montre aussi abject que les autres. Comme ses compères européens le font avec la Turquie et la Libye, Sanchez cherche à externaliser la gestion de la frontière en finançant la police marocaine et en multipliant les accords pour le renvoi à chaud des migrants, autrement dit en sous-traitant le sale travail. En échange des bons services rendus par la dictature marocaine, Sanchez a approuvé, il y a quelques mois, la position du Maroc sur le Sahara occidental, qu’il veut s’approprier contre le droit des Saharouis à décider de leur sort. Les ministres de la coalition de gauche dite radicale, qui appuient le gouvernement, en sont réduits à se pincer le nez et à demander une enquête, comme si ce qui s’est passé était un accident !

Au-delà du gouvernement espagnol, tous les gouvernements des pays riches européens sont complices pour mener une véritable guerre aux populations pauvres qui tentent de migrer vers le continent européen.

Les pays riches ne pourront pas contenir la misère du monde, même derrière des kilomètres de murs. Essayer d’empêcher des pans entiers de l’humanité de se déplacer pour tenter de survivre fait partie de la barbarie d’un système économique et politique qu’il faut à tout prix renverser.

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