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Leur société
Ministre de l’Éducation : peut mieux faire… ou pas
Présenté par l’entourage de Macron comme l’anti-Blanquer, le nouveau ministre de l’Éducation Pap Ndiaye vient de se mettre à dos une bonne partie de ceux qu’il était censé séduire, les enseignants.
Dans le cadre d’une longue interview accumulant les poncifs sur le nécessaire bien-être des élèves et des équipes éducatives, le combat contre les inégalités scolaires, le tout surmonté de l’inévitable « mobilisation forte sur l’écologie dans toutes ses dimensions », Pap Ndiaye a dévoilé une politique de ministre macroniste.
Tout d’abord rien ne change, ni dans le catastrophique système de poursuite des études Parcoursup, ni dans la réforme des lycées contestée par ceux qui la vivent.
Certes, il promet que les salaires, si insuffisants qu’ils ne suscitent guère de vocations, seraient peut-être revalorisés à hauteur de 2 000 euros pour les débutants, mais sans que le manque à gagner des autres travailleurs de l’enseignement, dû au blocage de ces dernières années, soit même évoqué. Pour ceux-là, le refrain bien connu du « travailler plus pour gagner plus » est de nouveau entonné, puisqu’il est question « d’une part salariale conditionnée à des tâches nouvelles ». Et surtout la gestion des absences des enseignants inférieures à deux semaines est renvoyée à leurs collègues : ils seraient censés compenser les heures de cours manquantes, à charge de revanche.
La tentative, si elle n’est pas nouvelle, est grossière. D’une part, elle est impossible à mettre en œuvre en pratique tant les emplois du temps sont complexes, d’autant plus que, dans le second degré en particulier, les spécialités de chacun ne sont pas interchangeables. De plus, exiger d’un travailleur malade qu’il compense ses jours d’absence est scandaleux.
La réalité que ce ministre, à la suite des précédents, fait mine d’ignorer, c’est le manque évident d’adultes pour encadrer les jeunes dans les établissements scolaires. La moyenne d’élèves par classe, bien trop élevée pour que chaque jeune y trouve toujours son compte, est de 25 à 26 au collège, et de 30 à 40, dans certaines spécialités, en lycée général. Quant aux classes de primaire, leur effectif augmente puisque, dans la région parisienne par exemple, il manque dans ce secteur 1 700 enseignants. Et cela sans parler des adultes autres qu’enseignants, dont le recrutement est également tari.
Nulle part il n’est question des embauches massives qui seraient nécessaires, pas plus que du rattrapage du pouvoir d’achat perdu. La prise de position du ministre revient donc à rejeter la faute sur le personnel en place et à poursuivre la dégradation des conditions d’étude et d’enseignement.