Carburants : les pétroliers prélèvent leur dîme29/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Carburants : les pétroliers prélèvent leur dîme

Bruno Le Maire voudrait-il faire payer les pétroliers ? Lundi 27 juin, il a demandé à TotalÉnergies de baisser le prix de l’essence, oubliant de dire que la compagnie pétrolière avait déjà annoncé qu’elle ferait à nouveau un rabais de 10 centimes en juillet et août.

Les prix des carburants ont atteint des niveaux jamais vus à cause de la spéculation sur les prix du pétrole, mais aussi celle sur les prix de l’essence et du diesel. C’est cette spéculation qui a fait qu’en France, le diesel s’est retrouvé à plusieurs reprises plus cher que l’essence. La raison en est que le diesel étant en grande partie importé de Russie, avec la guerre en Ukraine, les spéculateurs ont parié spécifiquement sur sa hausse.

Mais l’augmentation des prix des carburants a aussi commencé bien avant la guerre. Et cela est dû aux marges énormes des raffineurs. Habituellement, ces marges étaient de 2 à 5 centimes par litre de carburant raffiné. En un an, elles ont été multipliées par cinq ou plus pour atteindre plus de 25 centimes par litre.

Dans tous les pays, les raffineries sont en surchauffe car les compagnies pétrolières n’y font quasiment plus d’investissements depuis des années. Aux États-Unis, la dernière ouverture d’une raffinerie majeure remonte à 1977. Seuls cinq nouveaux sites ont été inaugurés ces vingt dernières années. La plus grosse raffinerie du monde, qui se trouve en Inde, date de 1999. Cette politique est un choix des groupes pétroliers pour faire monter les prix. Et la crise du Covid, comme la « transition écologique », leur ont en plus servi de prétexte. Ils ont profité des confinements en Europe et aux États-Unis pour mettre définitivement à l’arrêt certaines raffineries. Et, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, ils ont transformé des raffineries en sites producteurs de biocarburant. En France, TotalÉnergie l’a fait avec celle de Grandpuits, en Seine-et-Marne.

Bruno Le Maire a interpellé le PDG de TotalÉnergie, copiant Joe Biden qui, une semaine avant, avait grondé les dirigeants d’ExxonMobil, Chevron, BP et Shell. C’est de la poudre aux yeux. Les gouvernements ont laissé faire les pétroliers. Pourtant, ils sont sûrement, en grande partie, à l’origine de l’inflation actuelle. Les hausses de l’énergie se sont répercutées dans tous les secteurs de l’économie. Le directeur général d’ExxonMobil l’a lui-même presque reconnu lorsqu’il a déclaré que « l’environnement de marge très, très élevée » du raffinage n’est pas « bon pour les économies du monde entier ».

Mais si c’est bon pour les actionnaires d’ExxonMobil et ceux des autres majors pétrolières, il n’y a pas de raison que cela s’arrête...

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