Gouvernement et syndicats : paroles, paroles…01/06/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/06/2809.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gouvernement et syndicats : paroles, paroles…

De fin mai à début juin, les dirigeants syndicaux sont conviés à de multiples rendez-vous avec des membres du nouveau gouvernement Macron.

Ils se prêtent au jeu de ces rencontres sous les ors des salons ministériels, alors qu’elles ne servent qu’à redorer l’image du gouvernement. La vraie bataille pour le pouvoir d’achat de la population laborieuse se joue ailleurs et avec d’autres acteurs.

Lors de son premier quinquennat, Macron avait refusé le prétendu dialogue social avec les dirigeants syndicaux, pour faire la preuve de sa capacité à imposer les attaques contre les travailleurs sans y mettre les formes. Enrober sa politique antiouvrière d’une enveloppe violente et agressive a plu au patronat. D’autant que les directions syndicales, qui voyaient fondre une partie de leur légitimité en sortant perdantes de ces discussions vaines avec les ministres, se sont bornées à se plaindre. En revanche, l’arrogance de Macron a attisé la haine des classes populaires, au point d’aboutir au mouvement des gilets jaunes.

Alors, élections législatives obligent, Macron 2 change de forme pour ne rien changer sur le fond. Pour soigner son image politique, il envoie donc sa Première ministre, son ministre de la Fonction publique et son ministre de l’Économie consulter, discuter, écouter. Qu’après cela, Philippe Martinez, secrétaire de la CGT, exprime sa satisfaction d’avoir été écouté, que Laurent Berger, dirigeant de la CFDT, veuille un « meilleur dialogue social » et que Yves Veyrier, pour FO, se dise « très satisfait d’échanges bilatéraux directs », ne montre qu’une chose : leur capacité, sans limite, à raconter aux travailleurs le mauvais conte de fées de la baguette magique des négociations qui peuvent influer sur la politique de Macron et des patrons.

Cela fait des décennies que les responsables syndicaux se complaisent à être traités en « partenaires privilégiés » par les gouvernements. Des décennies qu’ils discutent et négocient, pendant que le patronat attaque et change concrètement les rapports de force. Aucune de ces rencontres bilatérales, trilatérales ou multilatérales n’a jamais rien apporté aux travailleurs, car ce n’est pas leur rôle. Ces rencontres servent à faire croire que les travailleurs n’ont qu’à soutenir les dirigeants syndicaux dans leurs négociations, que tout se joue dans les salons ministériels ou dans les bureaux des patrons, et surtout que les travailleurs ont besoin de bons avocats en la personne de ces dirigeants syndicaux, flattés de ce rôle dans la société.

Ces rencontres arrangent donc, pour des raisons différentes, le gouvernement et les directions syndicales. Mais elles n’ont aucune importance pour les travailleurs. Ce qui compte en revanche, ce sont les grèves qui éclatent ici et là, les débrayages qui se répètent et qui commencent à faire que bien des travailleurs parlent de plus en plus largement de la nécessité de se battre pour les salaires.

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