Marseille : les travailleurs du nettoyage ne se laissent pas faire06/10/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Marseille : les travailleurs du nettoyage ne se laissent pas faire

Sans appel syndical, mais en utilisant un préavis de grève déposé par la CGT valable du 1er septembre au 31 décembre, des travailleurs du nettoyage se sont mis en grève dans la Métropole marseillaise à partir du jeudi 23 septembre.

Le nettoyage et la collecte des ordures par la Métropole concernent 3 658 agents répartis sur six territoires : Istres, Martigues, Salon, Aix, Aubagne et Marseille, à l’exception des 15e, 16e, 14e, 2e et 3e arrondissements, assurés par des travailleurs de chez Derichebourg.

Sous prétexte d’appliquer une loi unifiant le travail dans la fonction publique, la Métropole, qui gère le nettoyage, veut faire travailler les éboueurs 1 530 heures par an, soit 34 heures par semaine, compte tenu de la pénibilité du travail. Les agents devraient perdre d’un coup 25 jours de congé. La CGT revendique que la réduction due à la pénibilité soit de 20 %, soit un horaire total de 1 286 heures annuelles.

Dès lundi 27 septembre, FO appelait à son tour à la grève. Celle-ci était suivie par la totalité des éboueurs et très rapidement les villes concernées, en particulier Marseille, voyaient monter les tas d’ordures dans les rues. Pas un camion n’est sorti à Martigues ni à Istres, dont la zone englobe aussi Fos, Port-Saint- Louis, soit une soixantaine d’agents de collecte. Avec le projet, ceux-ci auraient à travailler environ deux heures de plus par jour.

Les horaires qu’ils font, s’ils ne sont souvent que de 3 h 30 à 4 heures, sont déjà bien suffisants, comme l’expliquaient des éboueurs interviewés par le journal La Marseillaise :

« En fin de journée, même une demi-heure de plus, on la sent passer. Ne serait-ce qu’avec les vibrations dues à toutes les imperfections de la route, tout le monde a mal au dos », disait l’un d’eux. Et un autre disait : « Accroché aux bennes par vent, pluie, gel ou Covid, on ramasse tous les déchets, huile de friture et de vidange, gravats, produits toxiques. On s’en prend plein la tête. Confrontés aux agressions d’automobilistes, aux rats… »

Beaucoup n’ont donc pas été d’accord quand FO a appelé à la reprise du travail après avoir négocié, seul syndicat, avec la Métropole et obtenu : 1 467 heures de travail annuel, avec « l’ouverture d’un compte épargne-temps, un accompagnement à la reconversion et la mise en place de formations, ainsi qu’une prime de pénibilité de 80 euros par mois. »

Le maire PS de Marseille, Benoît Payan, lui, a vivement remercié la présidente LR de la Métropole d’avoir résolu le problème des poubelles. « Merci Madame la présidente. C’est une sortie de crise que nous attendions tous. […] Nous passons d’une situation qui est restée trop longtemps non gérée à une situation qui correspond à la loi. » Les éboueurs ne partageaient pas son enthousiasme et la grève s’est poursuivie en bien des endroits, en particulier à Marseille et à Istres.

Les accumulations de poubelles en ville ont d’ailleurs aggravé l’effet des pluies torrentielles qui se sont abattues sur certains quartiers de Marseille. Les poubelles emportées par le courant et gonflées d’eau bouchaient les avaloirs ou partaient en mer à vau-l’eau, prouvant si c’était nécessaire combien le travail des éboueurs est indispensable. Un travail pourtant pénible et bien mal payé, puisqu’un débutant est payé 1 400 euros, auxquels s’ajoutent des primes de salubrité et de risque.

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