Centres de rétention : des lieux de non-droit22/12/20202020Journal/medias/journalarticle/images/2020/12/P5-2_hirondelles_migrantes_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C51%2C774%2C486_crop_detail.jpg

Leur société

Centres de rétention : des lieux de non-droit

La visite de quelques députés de La France Insoumise, du PS et d’Europe Écologie Les Verts, dans des centres de rétention administrative (CRA) à Lyon, Rennes et Bordeaux, a eu le mérite de mettre en lumière les conditions scandaleuses de détention des sans-papiers.

Illustration - des lieux de non-droit

Alors que la crise sanitaire exigerait que les sans-papiers retenus soient purement et simplement libérés, les autorités les entassent dans les CRA, passant outre les recommandations des autorités de santé.

Dès la mi-novembre, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a écrit au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur la situation sanitaire dans les CRA : « Malgré une deuxième vague que le ministre de la Santé qualifie sans cesse de « plus forte que la première », la capacité d’accueil des centres de rétention administrative, limitée à 50 % dans les derniers mois afin de freiner la propagation du virus, est, dans certains centres, progressivement passée à 60 %, 70 % voire 90 %. »

De manière prévisible, les cas de Covid se sont multipliés. On comptait ainsi en novembre vingt personnes diagnostiquées positives au CRA de Coquelles dans le Pas-de-Calais, dix-sept dans celui de Lyon fin octobre, et six cas à Bordeaux. Et c’est logique puisque les chambres exiguës ne permettent pas la distanciation physique. Il en va de même des sanitaires en nombre insuffisant ou des réfectoires. La grande majorité passe des jours, voire des mois, dans ces lieux insalubres, car la loi votée en 2018 permet une détention de 90 jours.

À cette situation sanitaire désastreuse s’ajoutent les exactions de la police qui profite du fait que les associations de soutien comme la Cimade sont moins présentes du fait du confinement.

Dans certains CRA, comme celui de Vincennes, des migrants ont été passés à tabac dans une pièce sans caméra. Au CRA du Mesnil-Amelot, les témoignages récoltés par RESF (Réseau d’éducation sans frontières) sont alarmants : les fouilles à nu se multiplient, avec même des attouchements. Certaines femmes qui visitent leur mari se plaignent des mêmes comportements. L’une d’entre elles a non seulement subi des attouchements mais a reçu une amende de 135 euros. Les vivres apportés sont systématiquement détruits, la présence de policiers dans les parloirs empêche toute intimité. Alors face à cette situation insupportable, les associations de sans-papiers exigent la régularisation de tous et la fermeture de tous les CRA du territoire.

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