Violences faites aux femmes : trentième assassinat13/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P5_Sens_interdit_feminicides_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C119%2C385%2C336_crop_detail.jpg

Leur société

Violences faites aux femmes : trentième assassinat

Le 3 mars, Julie Douib, âgée de 34 ans, a été assassinée par le père de ses deux enfants. Elle avait été menacée directement et avait déposé plusieurs plaintes à la gendarmerie, sans être prise au sérieux. Julie Douib est la trentième femme à être assassinée par son compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l’année.

Illustration - trentième assassinat

Elles avaient été 130 en 2017 et au moins 109 en 2018. Des centaines de femmes et d’hommes ont manifesté leur colère, en Corse où le meurtre a été commis, et dans le Val-de-Marne, où Julie Douib est née.

Macron avait pourtant décrété l’égalité homme-femme grande cause nationale 2018. Sa secrétaire d’État dédiée à cette cause, Marlène Schiappa, occupe pourtant les plateaux de télévision pour assurer le monde entier de son ardeur féministe. Les diverses affaires qui ont agité le monde du cinéma, celui des médias et jusqu’à celui des religieuses cloîtrées et des jeunes du PCF ont pourtant montré, s’il le fallait, que le machisme sévissait partout et toujours. Mais les moyens consacrés par ce gouvernement à l’égalité entre les sexes semblent inversement proportionnels à la longueur de ses discours sur le sujet.

En novembre de l’an passé, le haut commissariat à l’Égalité, organisme officiel dont les membres sont nommés par l’administration, et le Conseil économique social et environnemental, peu enclin à la contestation, ont enquêté sur la question. Ils concluaient que le gouvernement consacrait 79 millions d’euros par an à l’aide et à la protection des femmes menacées par leur compagnon. Or, disaient-ils, il faudrait 506 millions d’euros pour leur permettre d’être hébergées avec leurs enfants, accompagnées, défendues. Les centres d’hébergement des femmes en danger et de leurs enfants sont trop peu nombreux, trop peu connus, trop peu subventionnés. En janvier 2018, après un flot d’appels, SOS femmes battues a dû fermer son standard, faute de personnel. On se souvient de cette femme qui, ne trouvant ni centre d’hébergement, ni moyen de transport, ni aide de la police, avait dû revenir chez son compagnon violent. Ce dernier l’avait défenestrée, la condamnant au fauteuil roulant pour le reste de ses jours. Le fonds d’indemnisation des victimes avait ensuite refusé de lui accorder une indemnisation complète, osant la juger en partie responsable de sa situation, puisqu’elle était retournée auprès de son bourreau ! Dans ce pays, tous les trois jours une femme est assassinée par son conjoint. Cela veut dire que des centaines, des milliers de femmes peut-être sont en danger, et parfois de mort, chaque jour. Et combien vivent dans la peur, violentées tout au long de leur vie ? Eh bien ce gouvernement, cet État, ce système social, ne leur consacrent même pas l’équivalent du prix d’un seul avion Rafale, ou la moitié de ce qu’a reçu la seule entreprise Carrefour au titre du CICE pour l’année 2014.

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