Fichage des étrangers : répression contre mineurs06/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/LO2640.jpg.445x577_q85_box-0%2C26%2C656%2C876_crop_detail.jpg

Leur société

Fichage des étrangers : répression contre mineurs

Plusieurs associations dont l’Unicef, Médecins du monde, la Ligue des droits de l’homme, la Cimade, contestent un décret d’application de la loi Asile et Immigration entré en vigueur le 31 janvier, qui autorise le fichage des enfants et adolescents étrangers seuls.

Sous prétexte de soulager les départements, ce décret encourage les associations à collaborer avec la préfecture pour évaluer l’âge des adolescents étrangers, sachant que les moins de 18 ans sont censés être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Déjà à l’essai dans quatre départements, le texte invite à étendre un fichier biométrique, collectant les empreintes digitales, les photos et l’état civil des enfants et adolescents étrangers. En plus de généraliser la suspicion à leur égard, ce fichage risque de limiter l’accueil des adolescents étrangers car « le taux de reconnaissance de minorité peut varier de 9 % à 100 % » d’un département à l’autre, selon un rapport de l’Assemblée des départements de France du 15 février 2018.

Les services de la préfecture pourront également recourir au fichier des demandes de visa en Europe, Visabio. Or certains jeunes adolescents tentent, avant d’entreprendre un voyage périlleux vers l’Europe, d’obtenir un visa d’entrée en se faisant passer pour des adultes. Ainsi Alpha, un Guinéen de 17 ans, apprenti dans le domaine agricole au Havre, a été placé en centre de rétention administrative le 7 février parce que la préfecture a retrouvé ses empreintes dans Visabio sous une identité qui lui donne 34 ans. De visa, ni Alpha ni son grand frère qui s’était occupé des papiers n’en a obtenu. Il a rejoint l’Europe en zodiac, mais son grand frère, lui, est mort en mer.

En 2017, 25 000 mineurs étrangers ont été pris en charge par l’ASE, mais beaucoup d’autres sont laissés à la rue, dans une situation précaire et dangereuse. Ce décret, qui prétend garantir la protection de l’enfance, cherche surtout, comme il est aussi écrit, à « lutter contre l’entrée et le séjour irréguliers des étrangers en France », quitte à rendre la vie de ces enfants et adolescents encore plus terrible et inhumaine.

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