Des réactions dans les entreprises21/11/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/11/P5_Macron_pouvoir_dachat.jpg.420x236_q85_box-0%2C101%2C385%2C318_crop_detail.jpg

le 17 novembre et après...

Des réactions dans les entreprises

De nombreux travailleurs étaient présents dans les différentes actions du 17 novembre, aux quatre coins du pays. Dans plusieurs entreprises, des salariés ont saisi l’occasion d’exprimer leur mécontentement par des débrayages. Les conditions de travail, la pression pour produire toujours plus et surtout les salaires qui ne suffisent pas à finir le mois étaient au centre des discussions.

Illustration - Des réactions dans les entreprises

Chez PSA, à Douvrin dans le Pas-de-Calais

La Française de Mécanique, qui fait partie du groupe PSA, fait tourner une équipe de production de moteurs le samedi et le dimanche (SD), de 16 h 30 à 6 heures. En arrivant samedi, plusieurs travailleurs ont profité de l’appel de la CGT à débrayer pour des hausses de salaires, pour dénoncer les salaires bien trop bas, l’inquiétude pour l’avenir des enfants… D’autres travailleurs ont grossi ce petit groupe dans l’heure qui a suivi.

Dans l’usine comme dans le reste du groupe PSA, la direction met une pression constante pour sa production, en faisant déborder avant et après les 12 heures du poste, ou en faisant décaler toutes les pauses. Elle s’est même fait prendre la main dans le sac à ne pas payer intégralement les majorations pour travail de nuit en SD, sans parler des « erreurs » sur les fiches de paye des intérimaires.

Ceux qui ont tenu à débrayer voulaient que cela se sache et ont fait le tour des deux bâtiments. Cela a été l’occasion de discussions très encourageantes avec les autres travailleurs en étant largement compris.

PSA Sochaux et Mulhouse

Des appels à la grève de la CGT ont été relativement suivis dans ces deux usines PSA. Des travailleurs qui n’avaient jamais fait grève s’y sont mis ce coup-ci, même s’il s’agissait surtout de ne pas se retrouver bloqués en rentrant du travail.

À Sochaux, dans un secteur du Ferrage, sur 20 salariés en CDI, 17 se sont déclarés grévistes dès le vendredi soir pour le lendemain. L’une des deux lignes de production de l’usine ne travaillant pas, la direction a dû trouver du monde pour que celle-ci sorte à peu près normalement.

Dimanche soir, aux portes de PSA Sochaux, il y a eu des tentatives de blocage par plusieurs dizaines de gilets jaunes, vite évacués par la police mais causant quelques retards à la production.

À Mulhouse, au dernier moment, la CFDT et FO ont aussi appelé à la grève. Il faut dire que les élections professionnelles sont proches ! Au Montage, une centaine d’ouvriers, dont des intérimaires, étaient en grève, et la direction a fait venir énormément d’intérimaires de contre-équipe. Même en faisant venir des renforts, elle a perdu trois heures de production. Du côté des travailleurs, en grève ou restés au travail, tout le monde en était satisfait !

Chez Michelin, à Cholet

La grève appelée par la CGT samedi 17 novembre a été suivie à près de 50 % dans cette usine. Des ateliers entiers n’ont pas pu fonctionner normalement. À 7 h 30, une cinquantaine de travailleurs se sont retrouvés sur le parking de l’usine pour se joindre ensuite au rassemblement le plus proche, sur le rond-point d’une zone commerciale. Banderole, slogans et pancartes réclamant l’augmentation générale des salaires ont été bien accueillis et ont suscité les discussions.

Lundi, dans les ateliers, les représentants de la direction se lamentaient sur la perte de production enregistrée le samedi 17 novembre. C’est bien dans les entreprises, au cœur de leur système, qu’on peut faire mal aux capitalistes.

À la Redoute, à Roubaix

Il y avait beaucoup d’animation samedi. Certains avaient posé un gilet jaune derrière leur pare-brise et beaucoup voulaient se montrer solidaires des initiateurs du mouvement. Les discussions tournaient autour du fait que tous les prix flambent et pas seulement ceux des carburants, tous constataient que seuls les salaires sont bloqués depuis des années et qu’il faut les augmenter. La colère contre Macron, « exclusivement au service des richards », revenait dans toutes les conversations. Un rassemblement a donc été proposé à tous les travailleurs sur le parking de Quai 30, l’usine logistique à Wattrelos, samedi 17 au matin. Les deux équipes du week-end, d’une soixantaine de travailleurs chacune, ont été appelées à la grève.

Une bonne soixantaine de salariés ont écouté les interventions de militants de la CGT et ont manifesté dans le quartier en scandant joyeusement des slogans comme : « L’essence flambe, et notre colère aussi, les salaires sont gelés, il faut les réchauffer. » Beaucoup de gens se mettaient à leur fenêtre ou à leur porte pour applaudir et approuver les manifestants sur leur passage.

L’équipe d’après-midi a largement montré sa solidarité avec le mouvement, puisque plus de la moitié de l’effectif des embauchés a quitté l’usine à 17 heures et quelques-uns encore à 19 heures, alors que la pression de la direction devenait forte pour l’opération promotionnelle du Black Friday.

À Neuhauser, à Saint-Avold

Lundi 19 novembre, les travailleurs de l’entreprise Neuhauser, en Moselle, toujours en grève contre la menace de licenciements, se sont rendus en cortège à une vingtaine sur un rond-point stratégique, bloqué par 300 gilets jaunes qui avaient maintenu leur mobilisation depuis le samedi. Un groupe de salariés de l’entreprise, qui avaient eu la même idée, s’y trouvaient déjà et les retrouvailles ont été chaleureuses.

Les autres manifestants présents sur le rond-point ont accueilli avec enthousiasme les travailleurs en lutte et leur ont démontré leur soutien en bloquant tous les camions entrant et sortant de l’usine, au grand dam du responsable de l’entreprise.

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