Editorial

Après le 17 novembre : défendre notre niveau de vie, c’est se battre pour l’augmentation des salaires, des pensions et des allocations

Avec des centaines de milliers de manifestants dans plus de 2 000 rassemblements, la mobilisation du samedi 17 novembre a été un succès, malgré le drame de la mort d’une manifestante en Savoie et les blessés sur d’autres lieux de blocage. Des actions ont même continué les jours suivants.

Ces mobilisations ont rassemblé des manifestants qui, pour beaucoup, vivaient là leur première action collective. Elles ont été organisées à la base, hors des cadres habituels des partis et des directions syndicales. Les ministres, qui ont souligné l’absence d’« organisateurs identifiés », déploraient en fait de n’avoir personne avec qui négocier pour stopper le mouvement au plus vite. Pour les classes laborieuses, le problème est inverse : il est de s’engager dans la lutte et de l’organiser sur la base de leurs intérêts.

Les actions du week-end expriment une colère légitime. Les hausses de prix des carburants les ont déclenchées. Mais c’est la hausse de trop, qui fait déborder un mécontentement bien plus large.

Des salariés du public ou du privé, des chômeurs et des retraités participant aux blocages l’ont exprimé, en disant qu’ils n’en pouvaient plus des sacrifices et de devoir serrer la ceinture d’un cran de plus pour se déplacer, ne serait-ce que pour aller au travail ou pour essayer d’en trouver !

Le monde du travail doit mettre en avant ses propres objectifs et se mobiliser sur ses propres revendications. Le slogan « Macron démission » fait l’unanimité, et il y a de quoi vouloir se débarrasser de ce gouvernement des riches !

Mais, s’ils veulent se battre pour leur droit à l’existence, les travailleurs doivent cibler les donneurs d’ordres : cette classe capitaliste pour laquelle Macron est aux petits soins et qui mène la guerre aux travailleurs.

C’est pour que les actionnaires des grandes entreprises continuent à amasser des milliards de profits que les travailleurs sont contraints à la survie avec des salaires trop faibles ou des allocations de chômage, lorsque les patrons prennent la décision de fermer des entreprises pour faire encore plus de profits.

Dans le mouvement des gilets jaunes, il y a d’autres catégories sociales que les salariés. Patrons du transport ou du BTP, agriculteurs et artisans mettent en avant les revendications contre les taxes, qui correspondent à la défense de leurs intérêts. Ces revendications anti-taxes cantonnent la mobilisation sur le terrain de l’opposition au gouvernement qui permet aussi à la droite et à l’extrême droite de tenter de jouer leur carte. Tant que l’on ne remet pas en cause les profits de la classe capitaliste, des politiciens comme Le Pen, Dupont-Aignan ou Wauquiez veulent bien faire des discours sur les intérêts du peuple.

L’argent public, l’argent des impôts et des taxes, est de plus en plus consacré directement à la grande bourgeoisie. Ce sont les grandes entreprises du CAC 40 qui engrangent des milliards de subventions et de crédits d’impôt. Et, si le gouvernement finit par décharger les petits patrons de la taxe sur les carburants, voire la supprime complètement, il cherchera un autre moyen de prendre dans les poches des travailleurs l’argent que la classe capitaliste exige.

Le Premier ministre Philippe a affirmé le 18 novembre que son gouvernement ne reculerait pas, tout en promettant d’« accompagner ceux dont il entend la souffrance ». Mais les travailleurs ne demandent pas la compréhension ou la charité pour boucler les fins de mois ! Ils exigent de vivre dignement de leur travail, eux qui font tourner toute la société, ou qui l’ont fait tourner avant de se retrouver privés d’emploi ou à la retraite.

Pour empêcher notre niveau de vie de sombrer, nous devons exiger l’augmentation des salaires, des allocations et des pensions, et leur progression au même rythme que les prix. Cela signifie engager une lutte d’ampleur contre le grand patronat et le gouvernement à son service.

Les salariés, qui se connaissent, se retrouvent chaque jour dans les entreprises et y sont concentrés, disposent de tous les moyens pour organiser ce combat. Ils disposent d’une arme fondamentale, car ils sont au cœur de la production, de la distribution, de toute l’économie. La grève leur permet de toucher les capitalistes là où ils sont sensibles : à la source du profit !

Maintenant, que l’on ait participé ou non aux actions du week-end, il faut continuer à discuter entre travailleurs et se préparer à prendre l’argent qui nous manque chaque mois là où il est : dans les caisses du grand patronat !

Éditorial des bulletins d’entreprise du 19 novembre 2018

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