Argentine : grève générale contre l’austérité03/10/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/10/2618.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : grève générale contre l’austérité

Mardi 25 septembre, en Argentine, les confédérations syndicales CGT et CTA ont appelé à une nouvelle journée de grève générale, trois mois après celle du 25 juin, contre la politique d’austérité du gouvernement du président Mauricio Macri, qui vient de renouer avec le Fonds monétaire international (FMI).

La journée a été d’autant plus massivement suivie que la situation se dégrade rapidement. 800 000 personnes ont perdu leur emploi au premier semestre. 30 % des Argentins vivent dans la pauvreté. Comme après le krach de décembre 2001, le troc sur les places publiques réapparaît, où s’échangent des objets contre des aliments. Les cantines populaires se multiplient et tous s’interrogent : le pays est-il au bord d’un nouveau krach ?

L’inflation a accéléré en août. Officiellement de 25 % ce mois-là, elle est attendue à 30 % en octobre et 40 % en décembre. Macri a fait exploser les tarifs publics de l’eau, du gaz, de l’électricité, multipliés par 5 ou 10. Maintenant c’est le tour des produits de première nécessité. Dans ce grenier du monde, en trois mois, le prix de la farine a doublé et, le prix du pain s’envolant, sa consommation a baissé de 30 %. Les œufs ont augmenté de 56 %, l’huile de 40 %, et les achats de médicaments ont reculé de 7 %.

En échange d’un prêt de 50 milliards de dollars, le gouvernement s’est engagé auprès du FMI à accélérer les coupes dans les dépenses publiques. Cette purge, évaluée à 700 millions d’euros, menace les secteurs de l’énergie, de la santé, du travail et de la culture, mais pas la justice, la police et l’armée. Le recours aux capitaux du FMI, présenté par Macri comme un remède, va encore aggraver la situation d’un pays malade de la spéculation financière.

De passage à New York, Macri a tenté de rassurer les spéculateurs. Mais il annonce aux Argentins que la situation va encore empirer. Le directeur de la banque centrale, celui-là même qui avait organisé le paiement de la dette détenue par des fonds spéculatifs, les « fonds vautours », au début de la législature, vient de démissionner. Il a été remplacé par celui qui vient de placer l’Argentine dans les griffes du FMI.

Macri vient de mettre son veto à un projet de loi qui proposait d’indexer les salaires sur les hausses du gaz et de l’électricité. Et il lanterne les confédérations syndicales qui demandent de réouvrir les négociations salariales, les dernières ayant eu lieu avant que le peso ne perde 30 % de sa valeur.

L’an prochain, ce sera l’élection présidentielle et bien entendu Macri est candidat à sa succession, ce qui réveille l’opposition péroniste. Celle-ci propose comme perspective le vote de l’an prochain, avec le soutien d’une partie de la bureaucratie syndicale. Mobiliser les énergies qui se manifestent dans les rues à chaque journée nationale de grève n’est pas leur problème. Bien des travailleurs au premier rang de ces journées, eux, ne veulent pas attendre les élections et demandent que les confédérations aient un plan de lutte pour empêcher que les travailleurs ne payent pour cette faillite.

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