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Leur société
Retraites : régression massive annoncée
La réforme des retraites, prévue pour 2019, se présente déjà comme une attaque des plus violentes contre le monde du travail. Sans en connaître encore tous les détails, les grandes lignes dévoilées par le gouvernement suffisent à prédire que son adoption signifierait pour les futurs travailleurs en retraite une diminution massive de leurs revenus, et plongerait beaucoup d’entre eux dans la misère.
Comme souvent, c’est au nom de l’égalité et de la simplicité que le gouvernement cherche à promouvoir des mesures qui constituent en fait un recul sans précédent. « Un euro cotisé donnera les mêmes droits pour tous », proclame-t-il. Avec le système qu’il veut mettre en place, les salariés cumuleront des points tout au long de leur carrière et, à leur départ en retraite, le nombre de points ainsi accumulé, multiplié par la valeur du point, déterminera le montant de leur retraite. Mais, comme la valeur du point pourra être révisée en permanence en fonction de la situation économique, et donc baissée, le montant des pensions de retraite sera totalement à la discrétion du pouvoir en place.
Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites, définissait ainsi en avril dernier, lors d’un colloque au Sénat, l’objectif visé : « Le vrai sujet, c’est que le système de demain soit adaptable soit aux périodes de tempêtes, soit aux périodes de croissance, et que nous puissions sans psychodrame avoir cette capacité d’adaptation. » À condition de remplacer le mot adaptation par baisse des retraites, tout est dit. L’incertitude planant jusqu’au dernier moment sur le montant de leur retraite ne pourra d’autre part qu’inciter ceux qui en ont les moyens à souscrire à des fonds de pension prétendant leur garantir un complément de retraite, mais les liant en réalité à d’aléatoires spéculations en Bourse.
Une autre conséquence de ce système par points serait que les retraites seraient calculées sur l’ensemble de la carrière, et non plus sur les salaires des 25 meilleures années dans le privé ou des six derniers mois pour les fonctionnaires. Compte tenu de toutes les périodes de petits boulots, de temps partiel, de congés maternité ou de chômage, cela contribuerait aussi à une baisse importante des revenus. Quant aux 42 régimes spéciaux de retraite, comme celui des cheminots ou des électriciens, ils seraient ainsi supprimés de fait à plus ou moins long terme. D’autres attaques sont aussi sur le métier, sur les pensions de réversion ou les majorations de retraite pour avoir élevé des enfants.
Macron s’est donné un an pour faire passer cette régression sans précédent. Jusqu’à la fin de l’année 2018 vont se dérouler les discussions avec les organisations syndicales. Une consultation du public sur une plateforme Internet et des ateliers citoyens sont actuellement en cours. Puis viendra l’examen du projet à l’Assemblée et au Sénat au premier semestre 2019, pour une adoption de la loi à l’été.
S’ils ne veulent pas voir laminés leurs revenus à la retraite, il est vital que, par leur mobilisation, les travailleurs enrayent cette mécanique infernale.