Iran : la contestation ouvrière continue14/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2589.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran : la contestation ouvrière continue

Au moment où Le Drian, le ministre des Affaires étrangères de Macron, était à Téhéran pour défendre les intérêts des capitalistes français en Iran, le régime des mollahs poursuivait la répression contre les femmes refusant de porter le voile et contre les travailleurs réclamant le paiement de leurs salaires.

Les journaux français ont rendu compte des déclarations de l’ayatollah Khameini, le plus haut responsable politique et religieux du pays, fustigeant les femmes « manipulées par les ennemis de l’Iran » qui enlèvent leur voile en public, « encourageant ainsi le peuple à la corruption ». Le 8 mars, journée internationale des femmes, la police de Téhéran a arrêté une vingtaine de femmes manifestant devant le ministère du Travail pour réclamer des salaires égaux et équitables. La veille, le procureur avait condamné à deux ans de prison, dont trois mois ferme, l’une des femmes qui avaient brandi publiquement leur voile.

Par contre, la presse occidentale passe sous silence la lutte des travailleurs dans plusieurs villes pour exiger le paiement des arriérés de salaire. Une partie des 3 000 ouvriers de la sucrerie de Haft Tapeh (Khouzestan) sont mobilisés depuis des semaines parce qu’ils n’ont pas touché leur paie, que les directeurs volent leurs primes d’équipe et réduisent arbitrairement les salaires.

Depuis trois semaines, les ouvriers de l’aciérie d’Avhaz se rassemblent tous les jours devant le siège du gouvernement du Khouzestan ou la mosquée, pour réclamer leurs salaires, criant : « Notre table est vide » et « Nous sommes des ouvriers, pas des voyous ». Le propriétaire de cette entreprise est un proche des pasdarans, Abdolreza Mousavi, par ailleurs propriétaire de la compagnie aérienne Zagros Airlines et d’une chaîne d’hôtels.

À Salmas, dans le nord-ouest, les cheminots de la compagnie ferroviaire Travers réclament leurs arriérés de salaire, l’arrêt de contrats précaires très courts et le paiement de primes. Par humour noir et sans doute pour atténuer les représailles, ils ont écrit sur leurs pancartes : « Mort aux travailleurs, vivent les autorités ! »

L’approche des fêtes de Norouz, le nouvel an iranien, que de nombreuses familles ne pourront fêter faute d’argent, exacerbe la colère. Dans la région d’Ispahan, ce sont les paysans qui manifestent contre le détournement de l’eau par les mafias locales. Ils ont été chargés par la police antiémeute.

À ces mobilisations de travailleurs en colère qui montrent leur détermination et leur capacité d’organisation, le régime répond par la répression et une campagne de dénigrement. Khamenei vient d’accuser les grévistes d’être, comme les femmes s’opposant au voile, manipulés par les ennemis de la république islamique et de provoquer une récession économique. Visiblement, ni la répression ni la propagande de telle ou telle fraction du régime ne semblent suffire à arrêter la contestation.

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